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Namibie (5): Opuwo, le peuple himba

de Patrick

Fascinante rencontre avec les Himbas et leur chef Kapika

 

Découverte d’Opuwo, capitale du Kaokoland

J12: de Sesfontaine à Opuwo, installation au Opuwo country camp

femme héréroIl y a beaucoup d’animation dans Sesfontaine en ce samedi matin. De nombreuses femmes hereros en tenue traditionnelle vont faire leur course, des carrioles tirées par des ânes arpentent la grand-rue. Je prends quelques photos de loin. Il ne nous reste maintenant plus que 130km de piste à parcourir jusqu’à Opuwo, la capitale administrative du Kaokoland, territoire de l’ethnie Himba. La piste monte régulièrement, les parties les plus raides sont même goudronnées. C’est assez monotone et la somnolence nous gagne les uns après les autres. Plus on s’approche d’Opuwo, plus c’est urbanisé. Des villageois chargés marchent en bord de piste.

opuwo himbaNous arrivons vers 12h30 à Opuwo, une des plus grandes villes du nord de la Namibie avec environ 6000 habitants, pour la plupart Himbas ou Hereros. Ce sont deux communautés parentes, mais qui ont adopté des modes de vie différents. Il y a beaucoup d’animation à Opuwo en cette fin de matinée du samedi. Se côtoient des personnes habillées à l’occidentale, des femmes hereros avec leur grande robe colorée de style victorien et chapeau à cornes et les femmes himbas vêtues d’un simple pagne en peau de chèvre, seins nus et portant de nombreux ornements, bijoux, ceintures différents en fonction de leur âge et de leur statut, comme nous pourrons le comprendre dans les villages que nous visiterons. Les sandales sont fabriquées avec des pneus de voitures. Nous allons nous installer à Opuwo country camp situé juste à côté d’un lodge plutôt luxueux. Contrairement aux campements précédents, il y a beaucoup de monde. Nous sommes proches de la ville d’Opuwo et nous en subirons les désagréments sonores une partie de la nuit, eh oui, c’est la «fièvre du samedi soir» et l’alcool fait pas mal de ravage.

OpuwoVers 15h, nous redescendons en ville et avons quartier libre pendant une bonne heure, le temps que Paulus et Patrick fassent des courses pour les jours à venir. Nous déambulons dans la grande rue, le marché se termine, les villageois bien chargés rentrent à pied ou montent dans les camionnettes, sorte de taxi collectif. Il se vend aussi bien de l’alimentation, des vêtements, mais aussi du bois, de l’ocre ou encore des marmites en aluminium. Cette petite ville d’Opuwo, à la population bigarrée, se développe comme un champignon. Elle a un certain charme et c’est intéressant d’observer ce mélange de cultures et de coutumes. Nous nous aventurons dans un troquet sombre, musique à fond, pour acheter une bière. De nombreux individus nous interpellent, ils sont déjà bien imbibés.

 

Premier contact avec un village himba

j13: Opuwo, Omuhonga, Omuramba

opuwo marchéDépart vers 8h. Nous descendons à Opuwo, et ce matin nous nous aventurons dans les ruelles et allons observer les petits commerces, les étals de viande, les carcasses pendant au soleil…  Nous quittons Opuwo et nous avons environ 4h de piste plein nord. Nous nous arrêtons à Omuhonga pour nous dégourdir les jambes. L’épicerie est bien achalandée, mais le bar est fermé. C’est l’heure de la messe et nous entendons les chants. Tout le long de la piste, il y a pas mal de petits villages et nous rencontrons de nombreux habitants, à pied ou sur des ânes, conduisant des troupeaux de vaches et de chèvres. Nous arrivons en fin de matinée à notre premier campement en pays Himba, au pied du village d’Omuramba. Dans ce village habite Kapika, chef traditionnel Himba pour la partie nord du Kaokoland.

himba troupeauLes peuples Himba et Herero n’étaient pas différenciés jusqu’au 19e siècle. Sous l’influence allemande, les Hereros se sont christianisés alors que les Himbas sont restés animistes. Les Himbas occupent le désert du Kaokoland, une terre pauvre que personne ne réclamait. Ils seraient 10 000 à 15 000 à vivre de manière semi-nomade, dans des campements disséminés, avec leurs troupeaux de chèvres et de vaches. L’association Kovahimba créée par Katjaimbia Tjambiru, femme-chef de tribu et Solenn Bardet, géographe et écrivain vise à aider les Himbas à protéger leur culture, leur mode de vie et à les accompagner dans leur représentation auprès des instances internationales.

enfant himbaPaulus va parlementer avec Kapika le chef himba du village et nous attendons pour nous installer. Nous sommes à 1000m d’altitude. Dans un beau champ de mopane qui borde le village, chacun choisit son arbre au pied duquel planter sa tente. Très rapidement, nous sommes entourés de nombreux enfants, le plus jeune n’ayant guère plus d’un an et demi. Ils sont curieux de voir notre campement et ne demandent qu’à jouer. Trois enfants plus téméraires vont même jusqu’à rentrer dans la tente de Philippe et Didier, et monter dans nos bras.

himba tresseLes petites filles himbas se distinguent des garçons, non pas par les bijoux qu’ils portent indifféremment, mais par deux tresses sur le devant de la tête. Sinon, tous les enfants ont le crâne rasé excepté sur le dessus. Un jeune homme taille les cheveux d’une petite fille avec un couteau bien aiguisé. Visiblement elle a l’habitude, car elle se laisse faire. En dehors des bijoux portés autour du cou et des chevilles, les enfants himbas portent un petit bout de tissu devant et derrière tenu par une ceinture ou une ficelle. La plupart de ces enfants sont pieds nus. Odile monte un atelier dessin et création de bijoux à partir de papier argent et or. Les enfants sont très attentionnés, mais visiblement ils ne sont pas scolarisés, car ils ne savent pas tenir un crayon. Ils sont très joueurs, aiment se faire porter, sont intrigués par la musique qui sort du portable de Philippe, font les stars avec les lunettes de soleil de Patrick!!! Nous passons de bons moments en leur compagnie, mais quand nous voulons nous reposer un peu, c’est une autre histoire… Vers 15h Paulus va retrouver James, notre jeune guide himba, qui habite dans le village voisin. James a été scolarisé et il parle donc bien l’anglais. En sa compagnie, nous allons visiter le village. Les villages himba sont constitués de quelques huttes. Les branches de mopane forment l’ossature de la hutte (c’est en effet un bois dur, résistant aux termites) tandis qu’un mélange de bouse et de boue sert de ciment et d’enduit.

Kapika chef himbaC‘est un honneur d’aller saluer Kapika le chef du village, et chef himba de la région nord du Kaokoland qui a tant oeuvré pour la préservation des terres himbas contre le projet de barrage sur le fleuve Kunene. Assis sur sa chaise de camping, il nous souhaite la bienvenue et nous offrons de la nourriture en guise de remerciement pour son accueil. Dans chaque village, Il y a un foyer sacré, allumé lors des cérémonies. Le feu sacré, émanation d’une lignée et symbole de la continuité entre les générations est un élément fondamental de la pratique religieuse himba. Le chef l’allume à l’aide de 2 bâtons sacrés en mopane qu’il garde dans sa hutte. L’un appelé «ondume», représente l’homme et l’autre «otjitja», la femme, et le feu sacré symbolise la fécondité, la prospérité et le respect des ancêtres.  La plus grande case est celle du chef où il vit avec sa 1re femme.  Les cases sont de simples chambres où ils dorment à même le sol sur une peau de vache.  Dans le village se trouvent les jeunes filles, les femmes adultes et leurs enfants.

femme himbaLes femmes himbas n’ont pas le droit de se laver à l’eau, elles se nettoient la peau en s’enduisant d’un mélange de graisse et d’ocre, d’où la couleur rouge de leur peau. C’est un critère de beauté chez les femmes Himbas et cela les protège du soleil, de l’air sec et des insectes. Les cheveux sont tressés, recouverts de cet onguent rouge et terminés par un rajout de cheveux noirs artificiels donnant l’impression d’un col de fourrure. Elles utilisent des parfums fabriqués à partir d’écorces et de fruits.

Parmi les ornements et bijoux, l’«errembe» petit chapeau en peau de chèvre, bracelets de cuivre,  colliers et l’«ohumba», un coquillage blanc, symbole de fertilité, porté entre les seins. Tout cela est très codifié et renseigne sur la situation matrimoniale.

 

homme himbaQuant aux hommes, ils ont le crâne rasé avec une courte queue de cheval, qu’ils recouvrent une fois mariés d’un bonnet de coton. Leur rôle dans la société Himba est de s’occuper du bétail. Ils s’appuient souvent sur une houlette, canne qu’ils font reposer sur leur hanche.

Les repas sont préparés dans une grande marmite, sur un foyer dehors, pour l’ensemble du village. La base de l’alimentation est une sorte de polenta à base de farine de maïs blanc préparée par les femmes tandis que les hommes s’occupent de griller la viande, quand il y en a ce qui n’est pas fréquent. Ils font deux repas par jour, le matin et le soir. Les garde-manger sont en hauteur pour éviter le pillage par les animaux.

Nous nous approchons d’un groupe de femmes en pleins travaux de coiffure. Une femme himba nettoie à la cendre les cheveux d’une jeune fille, cela n’a pas l’air très agréable! Plus loin, l’épouse du chef trait une vache, dont le petit veau tète encore. Tout en trayant, elle doit sans arrêt l’éloigner à coups de bâton. Elle tire à grand-peine un litre de lait.

femme himba villageEnsuite, nous suivons deux jeunes filles qui partent avec leur bidon chercher de l’eau. La fontaine n’est pas bien loin et elle déverse dans un grand abreuvoir qui sert aussi pour les ablutions, tandis que vaches et chèvres y boivent. Les bidons remplis sont hissés sur la tête et dignement les jeunes filles himbas rentrent au village. Le soleil se couche et le village est maintenant dans le noir. Le temps de notre repas, nous entendons les enfants pas très loin. Petit à petit ils se rapprochent, rejoints par les plus grands, puis enfin ce sont les jeunes filles, certaines avec les enfants sur le dos.

Au final, ils sont une trentaine. Ils improvisent danses et chants, rythmique des pieds et des mains. À tour de rôle, chacun s’avance et devant les autres exécute une danse solo plus sophistiquée. Certains excellent à ce petit jeu. Ils sont pris dans leur truc et ne s’occupent pas de nous. Vers 21h30, un des petits qui s’est donné à fond n’en peut plus, il titube devant moi. Je le prends sur mes genoux et 5min plus tard, il est endormi. Je ne sais pas où est la maman, mais elle ne s’en soucie guère. Au bout d’un moment, un grand vient le chercher pour l’emmener dans sa case. Nos lampes s’affaiblissent, puis s’éteignent, mais cela ne les gêne pas du tout, car ils ont l’habitude de l’obscurité. Gilles et Odile, suivi par Guy ont déserté vers les tentes. On ne veut pas partir comme des voleurs, mais Patrick dit que cela peut durer toute la nuit!!! Alors nous demandons à Paulus de traduire nos remerciements pour leur spectacle et partons également nous coucher. Cela dure encore une partie de la nuit avant que le désert ne retrouve sa sérénité.

Le voyage en un coup d'oeil

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