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Ethiopie (3): les caravanes de sel du lac Karoum

de Patrick

Le sel, trésor du peuple Afar

 

Sur la route des caravanes de sel…

Berhale, lac Karoum, Ahmed Ila

Ethiopie BerhaleLa nuit fut tout à fait correcte, un peu fraîche sur le matin, il ne faisait plus que 24°! Après le p’tit déj pris vers 6h30, nous allons nous balader dans le village de Berhale pendant que Gebriel règle les formalités administratives. Il faut en effet une autorisation pour accéder au site du Dallol et nous serons accompagnés de 2 policiers armés, mesure mise en place après l’enlèvement de 3 diplomates l’année précédente…

BerhaleLe village de Berhale est très animé dès 7h du matin, les uns s’affairent au sel tandis que d’autres sont de corvées d’eau. Les chameaux traversent tranquillement Berhale. Les enfants jouent. Bonne ambiance. Nous entrons dans quelques échoppes où il y a de beaux tissus très colorés. Je m’aventure dans une boutique pour acheter des stylos Bic afin de les offrir aux nombreux enfants que nous rencontrons.

Le commerçant a eu beaucoup de mal à comprendre que je voulais la boîte entière, cela devait être la première fois qu’il en vendait 50 d’un coup! Gebriel nous propose de les donner au chef du village où nous allons passer 2 jours afin d’éviter de créer des bagarres entre les enfants. Pour eux, un stylo est très précieux.

Ethiopie musiqueDe Berhale, en regagnant notre campement, nous rencontrons un jeune homme portant un instrument de musique. Nous lui demandons le nom de cet instrument, nous comprenons «biz» et nous l’invitons à nous jouer un morceau, ce qu’il fait volontiers. Il a une très belle voix et la musique est agréable. De jeunes enfants nous ont accompagnés et ils veulent à tout prix être sur la photo avec le musicien. Vers 9h, nous partons pour une quarantaine de km seulement, mais sur une piste très défoncée. Nous roulons en fait dans le lit d’une rivière asséchée à cette saison. C’est très sportif pour les chauffeurs, ils doivent négocier sans arrêt pour éviter de toucher avec le bas de caisse. Nous voyons que Benjamin est très concentré.

Ethiopie panne 4x4Au bout d’une bonne heure, il s’arrête, que se passe-t’il? il semble préoccupé… Nous comprenons que nous perdons de l’huile, une durite est percée. Ce n’est pas un problème pour eux, il la raccourcisse et c’est réparé… Nous repartons donc dans un décor grandiose, de grandes dalles à droite et à gauche. Nous arrivons au niveau de la faille du grand Rift. Les plaques tectoniques arabique et africaine s’écartent de 2,5cm par an, impressionnant… Après quelques kilomètres, Benjamin s’arrête de nouveau. Il ouvre le capot, cela fuit de nouveau, il va falloir réparer. Il n’est plus possible de réduire le tuyau, la durite doit être changée et nous sommes au milieu de nulle part… Deux des 4×4 continuent, tandis que nous restons avec le 4×4 de Tayé.

Il est presque midi, il fait chaud, même très chaud (environ 40°) et il n’y a pas un brin d’ombre, seulement un peu d’air. Carole nous rafraîchit avec un brumisateur, cela fait du bien. Nous ne savons pas combien de temps cela va durer, ni comment ils vont faire, mais sommes certains qu’ils trouveront une solution. Une demi-heure passe, puis nous repartons dans le 4×4 de Tayé, tandis que Benjamin et le garde restent auprès de notre 4×4 en panne. En chemin, nous croisons Salomon qui est déjà de retour pour réparer. Eh oui, Salomon est cuisinier, mais aussi mécanicien et l’avenir nous apprendra qu’il excelle dans les deux domaines!

caravane sel ethiopieNous arrivons rapidement à un campement de nomades au pied de la rivière Saba. C’est un lieu de pause, aussi bien pour les bêtes que pour les hommes. Ces derniers sont presque tous armés d’une kalachnikov pour se protéger des bandits érythréens qui volent les animaux. Nous prenons de nombreuses photos avant de rejoindre nos compagnons « au frais » dans une hutte. Cela fait sourire, mais il fait pourtant quelques degrés de moins à l’intérieur, ce qui est appréciable pour manger. Salomon nous a préparé une bonne salade de pâtes et pommes de terre accompagnée de saucisson, de fromage et d’une orange pour terminer. Ethiopie caravane de sel

Pendant que nous mangeons les deux 4×4 reviennent, ça y est, c’est réparé, pour combien de temps, pensons-nous très fort? Repus et reposés, nous repartons pour une bonne heure de piste, plus facile, jusqu’au village d’Ahmed Ila où vivent les travailleurs du sel. Nous déchargeons nos affaires, un bon café nous attend avant de repartir voir l’exploitation de sel au lac Karoum.

 

caravane de sel lac karoumEnviron 250 chameaux sont là attendant de récupérer leur charge de sel (entre 150 et 200kgs répartis en plaques de 5 à 7kgs chacune). L’activité est faible aujourd’hui. Nous rejoignons ensuite le village d’Ahmed Ila, prenons de nombreuses photos en cette fin de journée paisible: les dromadaires chargés de sel retournent vers les hauts plateaux, village Ahmed Ilales habitants d’Ahmed Ila discutent sur le pas de leur porte.

Nous sommes les seuls étrangers. Les tentes ont été montées à l’entrée du village d’Ahmed Ila, juste derrière le bâtiment où nous mangerons. Une douche y a été installée: c’est un bidon d’eau qui chauffe au soleil, planqué derrière une bâche bleue et un petit pichet plastique pour se verser l’eau sur le corps. Mais c’est un luxe dans ce village. Ensuite, un coca presque frais… comme quoi l’on peut être heureux avec peu de chose. Salomon nous a préparé un très bon repas: soupe, spaghetti bolo, choux, salade de tomates et de betteraves et bananes, le tout très bien présenté.

Il fait très chaud, 39°, mais heureusement le vent se monte, cela rafraîchit un peu l’atmosphère. Il forcit de plus en plus quand nous allons nous coucher. Les tentes sont secouées, dur, dur pour dormir… En plus, il y a la télé assez fort chez les militaires juste à côté. Ces derniers sont là en permanence depuis plus d’un an, suite à l’affaire de l’enlèvement de diplomates britanniques. Pour couronner le tout, le groupe électrogène se met en route dès 4h du mat, quelle nuit les amis!

 

Les forçats du sel

L’exploitation de sel du lac Karoum

afar lac karoumLever 6h pour un départ vers 7h en direction de l’exploitation de sel du lac Karoum. Nous roulons sur une croûte de sel de 2km d’épaisseur. Nous arrivons rapidement sur l’exploitation où des centaines de travailleurs s’activent. Après avoir cassé la croûte de sel à la hache, les ouvriers, souvent des Tigréens, la détachent, avec comme seuls leviers des bâtons de bois. Ces esclaves du sel ne toucheront chaque jour que 7€. afar commerce du selCes plaques sont ensuite calibrées par d’autres, avec des herminettes archaïques, déjà utilisées il y a 3.000 ans par les carriers de la reine de Saba.

Ce sont souvent des Afars qui gagneront 40€ par jour. Ils travaillent du matin au soir dans l’exploitation de sel du lac Karoum, sous une chaleur accablante de 50°C, sans un brin d’ombre. Ces plaques de sel sont ensuite chargées sur des ânes et des dromadaires. Les caravanes vont remonter ce sel du lac Karoum de moins 80 mètres à plus de 2.000 mètres d’altitude sur les hauts plateaux éthiopiens.

Le voyage en un coup d'oeil

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