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Sulawesi (2): trek sur le volcan Soputan

de Patrick

Soputan, un trek difficile dans les scories et la cendre du volcan

 

Le marché Pasar Beriman de Tomohon

Sulawesi J12: marché Pasar Beriman de Tomohon, lac Tondano, trek d’approche du volcan Soputan

Marché TomohonNous commençons la journée par le célèbre marché Pasar Beriman de Tomohon. C’est un marché typique du pays Minahasa, où tout ce qui bouge se mange, âme sensible, s’abstenir ! La communauté Minahasa n’a en effet aucun tabou alimentaire. À tel point que le marché de la ville de Tomohon, où ils vivent, est souvent classé  comme le marché le plus gore du monde, avec au menu, chiens, chats, rats en brochette, chauve-souris et python. Bon appétit ! Végan et végétarien, s’abstenir !

Pasar BerimanSi vous avez peu d’argent, vous pouvez acheter à bon marché des chauves-souris (3000 roupies soit environ 20 centimes d’euros) et leurs ailes. Un peu plus loin, on trouve les rats en brochette côtoyant les pythons découpés en morceaux. Vous êtes déjà dégoûtés ? Attendez de voir la suite, car les étals exposent plus loin des chiens brûlés au chalumeau et des chats ayant subi le même sort. Les vendeurs sont fiers de tenir leur trophée devant nous pour qu’on les photographie.

Et un peu plus loin, le pire du pire: des chiens dans des petites cages, attendant d’être exécutés au gourdin et de rejoindre le cadavre des leurs sur l’étal juste au-dessus.  Pour nos cœurs d’Européens, ces scènes  sont difficiles à supporter. Mais pour les Minahasa d’Indonésie, les habitants de cette région, ces animaux sont de la nourriture, tout ce qu’il y a de plus normal.

lac TondanoNous partons vers la caldeira  de Tondano, remplie partiellement par le lac Tondano. Nous marchons un peu sur le bord de route pour longer le lac, admirer les jacinthes d’eau et les nombreuses maisons sur pilotis, regarder les pêcheurs avec leur grand filet. Nous prenons le repas dans un restau au bord du lac.

Notre prochain objectif est le sommet du volcan Soputan qui actuellement joue à cache-cache avec l’épaisse couche de nuages. Nous continuons jusqu’au village de Touure pour rejoindre les porteurs qui vont nous accompagner pour la montée au volcan Soputan. Nous sommes à pied d’œuvre vers 15h pour 2h de marche jusqu’à notre campement.  À droite et à gauche, des plantations de tomates et de piments, nous grimpons ensuite par un beau chemin dans une pinède. Nous longeons une rivière. Au début nous marchons sur les troncs, mais rapidement il y a trop d’eau et nous sommes obligés de déchausser. Cela nous rafraîchit. Après une dernière grimpette, nous arrivons au campement où de nombreux jeunes sont montés pour le WE avec des guitares. Nous nous éloignons un peu pour éviter le bruit, car notre lever très matinal, vers 1h30, nous oblige à nous coucher comme les poules pour garantir un minimum de sommeil. Nous prenons notre repas, puis Roby nous donne toutes les consignes concernant le matériel à ne pas oublier dans notre sac pour l’ascension.

 

Sacré Soputan !

Sulawesi J13: trek en aller-retour jusqu’au sommet du volcan Soputan

Tomohon SoputanAprès une nuit quasiment blanche, nous voilà partis vers 2h par une nuit claire de pleine lune. Il n’y a pas un bruit dans les rangs! Le Soputan, dernier volcan de notre voyage, sera-t-il notre Golgotha ? C’est un strato-volcan réputé difficile, presque toujours actif, qui culmine à 1780m.

Situé sur la pointe nord de l’île de Sulawesi, le Soputan en est le volcan le plus isolé. Trônant au centre d’une caldeira de moyenne taille, le stratocône récent impressionne par son allure massive. Les phases éruptives assez intenses se succèdent tous les 5 ans environ,  précédées par une activité sismique de quelques jours. Généralement un dôme sommital se crée dans le cratère.  Parfois, ce dôme explose violemment, générant des coulées pyroclastiques qui dévalent ses flancs. En 2000, plusieurs éruptions ont formé un énorme dôme de lave. En 2004, une grosse partie du dôme du Soputan a été pulvérisée suite à une importante phase explosive. En 2011, une grosse éruption déclenche un panache qui atteint 5000m d’altitude. En 2015, il y a à nouveau un énorme panache qui évolue ensuite vers une activité effusive qui se transforme en une spectaculaire coulée de lave. Son dôme de lave est en cours d’extrusion lente.

volcan SsoputanNous débutons le trek d’abord en forêt avant de descendre vers le petit Soputan, puis de remonter pour finalement redescendre dans la cendre au pied du dôme du grand Soputan. En plus de Roby, il y a Jeffrey et 3 porteurs avec nous. Roby nous explique que les porteurs vont s’intercaler entre nous et que nous serons toujours encadrés, quelle que soit notre progression. Rapidement, les porteurs très mal chaussés déclarent forfait en voyant la pente qui se redresse et le terrain plus qu’instable. Patrick, Christophe, Sophie et Émilie sont partis devant avec Roby.

ascension SoputanDe mon côté,  j’attends Fabienne, bientôt rejoint par Philippe. Il leur semble que le terrain est plus stable à droite et ils s’y dirigent tous les deux tandis que je continue seule tout droit. Isabelle et Noël sont un peu plus bas, alors que Martine se retrouvant toute seule abandonne. Jean Claude va rejoindre le groupe de tête. Des pierres dévalent régulièrement.

Je décide d’attendre Isabelle et Noël afin que l’on fasse route ensemble. Le ciel rougeoie tandis que le soleil se lève. C’est magnifique, mais étant donné le terrain plus qu’instable, j’ai mis l’appareil dans le sac à dos. Isabelle est très en colère après Roby, car nous ne sommes pas encadrés. Elle l’interpelle à plusieurs reprises.

Plus nous approchons du sommet, plus le terrain se relève et plus il y a de gros blocs qui ne demandent qu’à partir. Roby fait demi-tour pour venir nous aider, tandis que le groupe de tête attend un moment, puis décide de terminer l’ascension en solo. Roby aide Isabelle à se dégager d’un gros bloc qui s’est détaché. Philippe et Fabienne semblent avoir abandonné.

sommet SoputanSous le sommet, il y a de nombreux points chauds d’où s’échappent des fumerolles, des failles apparaissent sous nos pieds. Il faut redoubler de vigilance. Ça y est, nous y sommes : à nos pieds s’ouvre un énorme cratère avec quelques fumerolles. Devant nous, le soleil s’est levé sur les volcans Lokon, Mahawu, Klabat. On distingue aussi différentes îles dont Bunaken connue pour ses fonds et sa faune marine, et également l’immense lac cratère de Tondano au bord duquel nous avons mangé hier midi.

Nous sommes contents d’être arrivés au sommet, mais l’activité du Soputan est en ce moment plutôt calme et soutient difficilement la comparaison avec les volcans Dukuno et Ibu, ceci au regard de l’effort fourni et de l’engagement physique que la montée comporte. Mais le Soputan pas dit son dernier mot! En effet, début octobre, il entre en éruption laissant échapper un  nuage de cendres  volcaniques de plus de 4000m de hauteur. D’après les volcanologues, le Soputan donnait de forts signaux depuis juillet et le tremblement de terre suivi du tsunami fin septembre a certainement accéléré son éruption.

volcan SoputanRoby redescend chercher Philippe et Fabienne. Cette dernière arrive épuisée et stressée, mais par la force de la volonté, elle a réussi! Une fois chacun reposé, il faut penser à la descente qui ne va pas être une partie de plaisir. Roby souhaite que l’on descende tous ensemble afin de minimiser les chutes de pierre. Fabienne se bloque dès le démarrage, mais une fois la panique passée, nous progressons lentement mais sûrement. Dans un passage plus facile, nous pouvons descendre en ramasse, c’est-à-dire courir et se laisser porter par les scories qui roulent sous les pieds. Mais cela ne dure pas et la vigilance est de nouveau de mise, avant de vraiment lâcher les freins sur la dernière partie.  Il ne nous reste plus qu’à remonter en pleine chaleur sur le petit Soputan.

Arrivés en haut, l’on se retourne et l’on découvre ce que l’on a monté. Heureusement qu’il faisait nuit, sinon personne ne serait parti sur ce tas de roches volcaniques complètement instable, mais néanmoins très esthétique. Émilie, pas assez fatiguée, tente et réussit un poirier face au Soputan. Après la traditionnelle photo de groupe,  nous faisons le chemin en sens inverse et arrivons au campement vers 12h, les batteries bien déchargées. Un gros déjeuner nous requinque. Nous replions les tentes et descendons très  cool vers Tomohon. Il se met alors à pleuvoir d’abord faiblement, avant de se transformer en une vraie pluie indonésienne. Nous arrivons trempés aux voitures et nous sommes heureux de retrouver Tomohon et notre confortable hôtel.

 

Mahawu, un volcan bien pépère !!!

Sulawesi J14: volcan Mahawu, Gorontalo

volcan MahawuAprès une nuit réparatrice, nous quittons Tomohon pour un site très touristique, le volcan Mahawu. Situé à l’est des volcans Lokon et Empung , le gunung Mahawu culmine à 1324 m d’altitude. Ce strato-volcan, comme ses voisins, surplombe la ville de Tomohon au centre du pays Minahasa. Les dernières éruptions ont eu lieu en 1952 – 1958 et 1977.  C’est un large cratère au fond duquel se trouvent un lac d’acide vert pâle, ainsi que des solfatares. À l’arrivée de nombreux cars de touristes sont déjà stationnés.

MinahasaDes Minahasas en tenue traditionnelle, arborant le masque de calao posent avec les touristes.  L’effort de l’ascension du Mahawu est pour le moins modéré. Une volée de marches à monter sur une centaine de mètres permet d’atteindre le cratère d’où s’échappent quelques fumerolles. Nous faisons le tour du cratère et découvrons le petit lac d’acide au fond du cratère. Ce sera notre dernier volcan, pas le plus dur ni le plus intéressant !

De Manado, nous prenons l’avion pour Gorontalo située dans la péninsule nord de l’île de Sulawesi. Trois heures de route sont ensuite nécessaires pour atteindre Marissa. Le repas du soir est un régal. Un grand buffet de produits de la mer, crabe, gambas, moules, le tout bien épicé et arrosé de Bintang, la bière indonésienne. Et comme dessert, un gâteau d’anniversaire pour fêter les 45 ans de Christophe. Nous nous rendons ensuite à notre hôtel.

 

Le voyage en un coup d'oeil

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