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Groenland (2): trek Tiniteqilaaq

de Patrick

Le village inuit de Tiniteqilaaq

 

Fjord d’Ikaasartivaq, installation du camp

Le ciel est gris ce matin. Le bateau vient nous chercher à 10h pour rejoindre le campement de notre premier trek. Une fois nos sacs prêts et déposés à l’extérieur, nous allons faire la visite de la supérette Pilersuisoq, magasin d’état qui existe dans chaque village. Les fusils y côtoient les balais et les vêtements. Eh oui, l’ours polaire n’est pas une légende au Groenland ! Deux d’entre eux ont été tués cet hiver à Kulusuk.

 fjord IkaasartivaqLars, notre capitaine danois arrive et nous chargeons le bateau. C’est parti pour environ 2h de navigation parmi les morceaux de banquise et icebergs. Dommage que le ciel soit gris, car les paysages de montagne aux pics acérés auraient pu être magnifiés. Le fjord est plus ouvert que nous pouvions le penser et Lars n’a aucun mal à se frayer un chemin parmi les icebergs. Par contre, il nous informe que ce n’est pas le cas pour le fjord Knud-Rasmussen que nous devrons remonter dans quelques jours pour accéder à notre 2ème trek, mais les conditions devraient changer d’ici là. À suivre…

Nous arrivons un peu avant midi au fond du fjord d’Ikaasartivaq. C’est le lieu de notre campement. Lars accoste le long d’un rocher, nous déchargeons nos sacs, les différentes caisses de nourriture et le matériel de camping pour 4 nuits et nous voilà seuls au monde ou presque, il y a quelques tentes un peu plus loin. Nous nous trouvons maintenant sur le continent groenlandais, au pied de spectaculaires sommets aux raides faces granitiques.

 camp IkaasartivaqChacun choisit son emplacement, le plus plat possible et sans trop de caillou de façon à planter les piquets. Nous plantons le plus près possible de l’eau, près d’un parterre de fleurs jaunes, un petit coin de paradis… Mais c’est sans compter les milliers de moustiques qui nous attendent ! Une fois les tentes individuelles montées, nous érigeons la tente mess. Après un rapide repas, nous partons en rando découvrir notre environnement. Maxime est devant non pas la fleur au fusil, mais le fusil à l’épaule! Très vite, chacun met sa voilette antimoustique afin de se protéger le visage. Nous grimpons hors sentier une «collinette» (expression favorite de Maxime) pour nous rapprocher et surplomber le fjord de Sermilik qui est encore encombré d’icebergs. Avec la perspective ce dernier semble rempli de glace. On verra, les jours suivants, ce qu’il en est réellement. On domine également une belle montagne qui ressemble un peu au Cervin.

 trek IkaasartivaqLe ciel se dégage de plus en plus, le paysage est grandiose. Pour le retour, on passe de l’autre côté. On s’arrête à un petit lac où les plus courageux font tremper les pieds, car il n’est pas trop froid. De retour au camp vers 18h30, nous avons un peu de temps libre jusqu’au dîner. Nous installons correctement «notre chambre» de toile puis regagnons la tente mess. Des centaines de moustiques se sont joints à nous et attaquent, les chevilles, les mains, le cou… Quelle plaie! Il va falloir s’y faire. En sortant de la tente, Maxime aperçoit un petit renard polaire qui s’enfuit. Il nous dit qu’ils viennent très souvent autour des campements et que nous le reverrons certainement.

 

 

Fjord de Sermilik, trek de Tiniteqilaaq

Groenland fjord SermilikUne petite averse a tambouriné sur les tentes cette nuit, mais le ciel est uniformément bleu ce matin. Nous prenons même le p’tit déj au soleil face au fjord, quel paysage! Aujourd’hui, nous avons une longue journée de trek pour rejoindre Tiniteqilaaq. Vers 9h, nous grimpons, à travers pente (les sentiers n’existent pas dans cette partie du Groenland) sur une petite montagne qui domine le fjord de Sermilik. C’est un immense fjord encombré de très nombreux icebergs vêlés par les grands glaciers venant de l’Inlandsis.

Un petit cours de géographie pour expliquer la différence entre les icebergs et la banquise : la neige tombant sur l’inlandsis s’accumule sans fondre. Sous l’effet de son propre poids, elle se transforme très lentement en glace et en s’écoulant vers les bords elle forme les icebergs. La partie émergée représente 1/7 à 1/10 du volume total. La banquise, quant à elle, provient de la mer. En fin d’été, le froid polaire s’installe, parfois brutalement (–40°C). La surface de l’océan se refroidit et quand elle atteint –1,8°C, les premiers cristaux de glace se forment. Une fois la surface gelée, l’eau de mer se trouve isolée de l’air froid et le processus se ralentit. La banquise s’épaissit alors lentement, par sa face inférieure, jusqu’à atteindre environ 2 mètres. Sa surface est plutôt lisse ce qui en fait un super terrain pour le traîneau à chiens.

fjord SermilikAprès avoir bien transpirés, nous voilà sur la crête avec, à gauche le fjord d’Ikaasartivaq au bord duquel nous campons et à droite le fameux fjord de Sermilik qui ne déroge pas à sa réputation: d’immenses icebergs, de toutes formes: une pyramide, une arche, un sphinx… des couleurs de glace allant du blanc au bleu pâle, la mer d’un bleu saturé et l’inlandsis blanc en toile de fond. Peut-on rêver d’un plus beau spectacle? Une pause graine s’impose, on reprend son souffle, on repose les genoux, et surtout on contemple et photographie ces paysages grandioses!

trek TiniteqilaaqNous poursuivons sur cette vaste crête granitique en direction de Tiniteqilaaq, le regard, tantôt à droite, tantôt à gauche. Tout est prétexte à photo, un bel iceberg, un rocher granitique rayé, une petite plante colorée… un nouveau point de vue! Nous pique-niquons sur un point haut avec une vue imprenable sur le fjord de Sermilik avec en arrière-plan l’inlandsis. Maintenant il faut repartir, car nous voulons aller jusqu’au village de Tiniteqilaaq, village inuit extrêmement isolé à la pointe de la péninsule.

TiniteqilaaqVers 15h, nous dominons le village de Tiniteqilaaq. Des icebergs imposants comme des cargos ont jeté l’ancre dans le fjord. Il ne reste plus qu’à se laisser glisser sur quelques névés pour arriver au village. Nous retrouvons le même type de maisons colorées sur pilotis. Tiniteqilaaq compte environ 150 habitants, une école, une supérette. Nous entrons dans la maison de Max et de Chiho, lui est français, elle Japonaise, ils se sont rencontrés en Islande et vivent des jours heureux au Groenland! Chiho nous accueille très chaleureusement. Elle peint, crée et vend différents petits objets. Max étant actuellement en France, elle est très contente de pouvoir parler, car les visites sont peu fréquentes dans ce village très reculé.

village TiniteqilaaqLe ciel est maintenant un peu laiteux, les maisons en contre-jour devant les icebergs gigantesques ont un aspect vieille carte postale qui ne manque pas de charme. Il nous faut repartir de Tiniteqilaaq, car le chemin de retour pour rejoindre notre campement est encore long. Il nous faudra en effet 4h pour remonter de la côte sur la crête puis traverser et finalement descendre sur notre campement.

Tiniteqilaaq trekLe temps se dégage de nouveau, les nuages moutonnent et les lumières de fin de journée magnifient les paysages. La fatigue se fait vraiment sentir, car cela fait 11h que nous sommes partis et il est temps de reposer nos genoux et la cheville de Philippe. Quelle rééducation!!! Après cette longue et inoubliable randonnée, nous avons bien mérité notre repas: une bonne soupe, du poisson accompagné de riz et un cake pour nous requinquer… Nous assistons au lever de lune, dans une lumière de fin de journée puisque la nuit ne tombe pas. Sous ces latitudes la lune ne monte quasiment pas. Elle disparaît très vite derrière les sommets.

 

 

Le voyage en un coup d'oeil

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