Lacs de Vens, de Rabuons, de Colle Longue… le top du bivouac !
Les lacs de Vens, un cadre sublime pour notre première nuit
Parking du Pra, lac de Vens ( +760m, 7km )
Nous partons d’Aix vers 9h en choisissant l’option Nord, passant par le Col de la Bonnette qui relie la vallée de l’Ubaye à celle de la Tinée. Sacré beau col de montagne, belle épreuve pour les cyclistes. Sous le col, nous partons en direction de Nice et environ 1000m plus bas, nous garons la voiture qui nous attendra 18 jours au parking de Pra. Après un pique-nique sommaire, nous chargeons les sacs à dos et c’est parti pour les lacs de Vens, notre étape du soir.
La montée est régulière sur une piste jusqu’au gué de Vens. Nous traversons le torrent et poursuivons sur un chemin bien ombragé grâce aux Cytises des Alpes recouverts de grappes de fleurs jaunes. C’est magnifique. Nous croisons de temps à autre quelques randonneurs qui redescendent des lacs de Vens ou du refuge de Vens. Sur le bord du sentier, quelques beaux spécimens de lys orangés sont en pleine floraison. Nous arrivons au lac médian vers 16h45 où un bel emplacement de bivouac nous tend les bras.
Nous retrouvons vite nos petites habitudes de bivouac: montage de la tente, installation du réchaud, une première soupe pour se requinquer, puis nous profitons de la fin d’après-midi pour monter jusqu’au lac supérieur et apercevoir le refuge de Vens. Là, trois randonneurs cherchent une place de bivouac abritée du vent.
Ils connaissent bien la région et nous donnent quelques conseils sur les ravitaillements à suivre, les sites à ne pas manquer, les bonnes places de bivouac au lac de Rabuons… Nous redescendons à la tente prendre une deuxième soupe, puis « cuisiner » les pâtes. Après le repas, nous tentons une petite promenade jusqu’au lac inférieur de Vens, superbe miroir avec un torrent qui se jette dedans. Nous profitons du soleil jusque vers 19h30.
En route sur le chemin de l’énergie
Lac de Vens, Plan de Tenibre, lac de Fer, lac de Rabuons (+650m, -480m, 14,3km)
Lever 6h30, p’tit déj, comme d’habitude Patrick se prépare un bon bol de muesli et un café, pour moi ce sera un café et quelques tranches d’un pain d’épice maison. Il y a une bonne humidité sur la tente, mais le ciel est bien dégagé. À 7h30, nous sommes prêts pour notre journée de randonnée. Nous descendons vers le lac inférieur. Plus bas se trouve un autre lac dans lequel se jette une cascade. De nombreux bosquets de rhododendrons sont en pleine floraison. Nous nous lançons dans une belle montée en lacets qui révèle une myriade de lacs au fur et à mesure de notre progression. Arrivés sur le plateau, nous avons bien mérité une pause « grignotage ».
Nous rejoignons ensuite le sentier balcon, dénommé « chemin de l’énergie ». Ce chemin, d’une longueur de 8km, a été construit en 1921, avec pour objectif la construction d’une centrale hydro-électrique à Saint-Etienne-de-Tinée alimentée par les nombreux lacs d’altitude (lacs de Vens, lacs Marie, lacs de Ténibre, lac de Rabuons). Le chemin de l’énergie servait à acheminer les matériaux, les ouvriers et les attelages vers les lieux de travaux.
Plusieurs tunnels ont été percés dans la montagne pour le cheminement du sentier. Le projet fut abandonné au début de la Seconde Guerre Mondiale, laissant tout de même le temps d’installer une prise d’eau au niveau du lac de Rabuons.
Ce chemin de l’énergie à flanc de montagne nous permet d’avaler les kilomètres sans trop de fatigue, mais suite à un éboulement en 2020, le chemin par le tunnel est fermé et un nouvel itinéraire par le lac de Fer a été retracé. Sauf qu’il faut monter 200m supplémentaires ! Ce sentier, avec de belles marches taillées dans la roche, est entouré par des bosquets de rhodos. Magnifique! En haut, le déversoir du lac de fer nous permet de faire un brin de toilette et de lessive avant une bonne pause déjeuner sur les berges du lac, dans un cadre un peu austère, car le ciel se couvre.
Il faut se résoudre à descendre les 200m que nous venons de monter pour retrouver le chemin de l’énergie, qui est maintenant en bon état. Plusieurs tunnels ont été taillés dans la roche. C’est un peu monotone, car le chemin est rectiligne, mais au moins ce sont des kilomètres faciles. Au loin, nous apercevons deux bâtiments restaurés par EDF, car le captage du lac de Rabuons est toujours opérationnel. Le refuge est 10mn plus loin. De très nombreux lacs entourent le refuge. Le cadre est magnifique, mais il y a très peu d’endroits plats et sans cailloux pour le bivouac.
Heureusement que nos trois randonneurs d’hier nous avaient indiqué un bon endroit pour planter la tente. Nous prenons une infusion et montons le bivouac, bien nous en a pris, puisqu’une petite averse nous force à nous abriter. Nous profitons de rayons de soleil furtifs pour sortir et photographier la tente entourée de rhodos. Vers 16h le soleil semble définitivement revenu et nous allons prendre un verre au refuge. Nous discutons un moment avec le gardien et une jeune estonienne qui fait le tour des refuges du Mercantour et y exerce son activité de conteuse. Elle nous invite à la rejoindre après le repas pour une soirée contes.
Nous retournons dans notre coin de paradis, et tranquillement nous nous préparons quelques soupes pour nous réhydrater. La deuxième averse arrive bien sûr au moment de la cuisson des pâtes, mais elle cesse rapidement. Vers 20h, la curiosité l’emporte et nous repartons vers le refuge pour assister à cette soirée contes. Le repas n’est pas tout à fait terminé et soudain un troupeau de mouflons, descendu de la crête s’invite en contrebas du refuge.
Les mouflons, de la famille des moutons se différencient des bouquetins par leur museau et le bas des pattes blanc. C’est la première fois que nous en voyions et le gardien nous affirme que c’est une aubaine, car ils sont très craintifs et viennent rarement si près en plein jour. Après une séance photo fournie, nous abandonnons les mouflons pour la deuxième attraction de la soirée ! La conteuse Ena Mets qui se présente: elle est d’origine estonienne et vit en France depuis une vingtaine d’années. Elle nous régale de quatre très profondes histoires, mélangeant contes et aventure personnelle: la rencontre, l’homme aux yeux étoilés, l’enfant des étoiles, le royaume des mots, le tout accompagné d’un petit instrument appelé sansula. La sansula est un petit kalimba fixé sur une caisse de résonance recouverte d’une peau tendue. Cet instrument incroyable possède un son féerique qui rappelle la magie des boîtes à musique. À la fin du conte « le royaume des mots », nous piochons chacun trois petits papiers, qui deviennent nos mots et qui sauront nous éclairer dans nos vies.
Ce fut un très beau moment de convivialité et de partage. Il fait maintenant nuit noire et nous n’avons pas pris de frontale (ah! ces débutants!) et je peux vous jurer que nous y penserons désormais, car notre tente était éloignée du refuge comme on peut le voir sur les photos et retrouver une tente en montagne à la seule lumière des portables, cela nous a pris un moment et quelques frayeurs pour les chevilles.
Une étape de transition entre France et Italie
Lac de Rabuons, pas de Colle Longue, lac de Colle Longue ( +630m, -710m, 12,7km )
Les gouttes d’eau qui ont résonné sur la toile de tente à l’aube ont laissé place à quelques nuages dans le ciel, mais l’humidité a complètement disparu. Au départ, vers 7h30, le refuge est déjà au soleil et les lacs s’éclairent progressivement. La montée, en lacets réguliers, est très chouette. S’en suit une belle et longue traversée montante, une courte descente puis, de nouveau un beau sentier balcon dominant Saint-Étienne de Tinée, puis le hameau de Douans.
Après environ 8km, nous traversons une petite cascade bien fournie en eau fraîche et rejoignons un beau plateau avec des mélèzes et au milieu un joli lac rond dans lequel flottent des herbes. Une forte montée nous attend jusqu’au Pas de Colle Longue qui domine le lac de Colle Longue où Patrick a prévu le bivouac. La chaleur se fait sentir, il n’est pourtant pas encore midi. En une dizaine de minutes de descente dans les rhodos, nous arrivons au pied du lac.
Nous finissons le pique-nique, puis nous nous interrogeons s’il est opportun de continuer jusqu’au refuge Laus De Alexandris Foches. Finalement, nous décidons de monter le bivouac comme prévu au lac de Colle Longue afin de se reposer avant l’étape costaude de demain.
Un randonneur équipé d’une canne à pêche nous rejoint et lance sa ligne jusqu’en fin d’après-midi, sans grand succès…
De nombreux Italiens descendent ou montent du refuge Laus De Alexandris Foches par la piste. Quelques courageux à vélo montent au Pas de Colle Longue, ils en bavent… Le ciel se charge et le vent qui se monte est glacial.
Trois jeunes randonneurs français arrivent d’Isola 2000 vers 19h. Un pêcheur descend du col au pied de la Cime Tommy pour être à pied d’oeuvre demain. Nous ne serons donc pas seuls au bivouac ce soir.
Une belle et longue étape sauvage en terre italienne
Lac de Colle Longue, cime Tommy, colle della Seccia, passo del San Bernolfo, rifugio Laus de Alexandris Foches, lago di San Bernolfo, col de la Guercha, passo del Bue, col du Saboulé, passo Tesina, sant’Anna di Vinadio ( +1200m, -1550m, 19,9km )
Départ vers 7h30 en direction du Colle della Seccia et belle montée vers le lac supérieur de Colle Longue. Malheureusement, de nombreux barbelés jonchent le sol, la frontière n’est pas loin et la guerre a laissé ses déchets. Nous faisons un petit crochet vers la Cime Tommy d’où l’on a un très beau point de vue et un superbe contre-jour sur les sommets environnants. Nous descendons ensuite en direction du Passo del San Bernolfo vers le Lago della Seccia entouré de rhodos. Une belle traversée suivie d’une courte montée nous attend pour rejoindre le Passo del San Bernolfo. Nous avons une jolie vue sur la vallée. Dans la longue descente qui s’étend devant nous, nous croisons les premiers randonneurs venus du Rifugio Laus de Alexandris Foches. Notre descente se termine dans une belle forêt de mélèzes.
Il nous aura fallu presque 3h pour arriver Rifugio Laus de Alexandris Foches et au lago di San Bernolfo. Il y a beaucoup de monde, car le parking n’est pas très loin. Un bon cappuccino et une part de tarte aux fruits des bois nous sont servis, rien de tel pour nous requinquer. Nous traversons un mini camping sauvage avec de nombreuses familles, c’est le WE, des gens qui se bronzent au soleil, des enfants qui jouent au bord du lac de San Bernolfo, des gens qui font nager leur chien en laisse, c’est un joyeux bordel à l’italienne !
Quant à nous, pauvres randonneurs, une longue montée nous attend, heureusement en partie ombragée. Nous nous dirigeons vers des baraquements militaires qui marquent la frontière sous le col de la Guercha. Au pied de ces derniers, nous prenons à gauche vers le Passo del Bue qui s’atteint par de bons lacets un peu aériens, puis un passage avec une chaîne le long d’une falaise. C’est l’heure du pique-nique. En dessous, il y a deux lacs, mais trop éloignés pour faire un brin de toilette.
Nous décidons de continuer et c’est le bon choix, car la remontée de ces deux lacs aurait été très galère, surtout en plein cagnard.
Nous sommes sur une longue traversée montante bien tracée dans un gigantesque pierrier qui n’en finit pas. Et quand nous pensons avoir terminé avec la montée, une descente se présente pour ensuite mieux remonter… les montagnes russes quoi ! Nous arrivons au col du Saboulé sur la frontière franco-italienne et nous prenons un large sentier en traversée avec des roches aux couleurs chatoyantes, rouge, noir, jaune qui nous mène au Passo Tesina. Là, nous retrouvons la foule et la descente vers le Lago di Sant’Anna ressemble à une autoroute pour randonneurs! Nous arrivons à l’aire de camping de Sant’Anna di Vinadio vers 15h30 contents, mais bien crevés. Une statue de la Madone domine le site et de nombreux Italiens vont se recueillir à ses côtés, ou bien version moderne, faire des selfies.
Vers 18h, c’est l’heure d’aller en ville et nous descendons vers le sanctuaire de Sant’Anna di Vinadio et nous réservons le dîner au Rifugio Alpino Casa San Gioachino, un hôtel-pension tenue par les Sœurs. Le sanctuaire catholique Sant’Anna di Vinadio culmine à 2035m d’altitude, c’est le plus élevé d’Europe. De très nombreux camping-caristes viennent y passer le week-end et des aires sont aménagées pour les recevoir. Lors du repas, le père qui dirige le sanctuaire passe voir les convives et discute avec chacun. C’est aussi un bon montagnard, car nous échangeons un moment sur notre itinéraire, et bien sûr il termine en nous invitant à venir à la prière du soir au Sanctuaire. Nous nous contenterons d’un sommeil réparateur sous la protection de la Madone.