Blog Voyage Trek VoyageEthiopie

Vallée de l’Omo, l’Ethiopie tribale

de Patrick

Les peuples de la vallée de l’Omo

 

Le marché intertribal d’Alduba

Konso, Woito, Alduba, Jinka

Vallée de l'OmoIl a encore plu sur le matin. Nous partons de bonne heure pour Jinka en passant par Konso. Nous entrons dans la vallée de l’Omo où une quinzaine d’ethnies vivent encore de manière ancestrale. Après les pluies des jours précédents et de la veille, la rivière déborde de partout et traverse la route à différents endroits. De nombreuses maisons de bord de route ont les pieds dans l’eau! Dans cette région, les cases sont très esthétiques, un petit toit de chaume conique coiffé d’une poterie retournée recouvre le toit principal, conique également.

marché AldubaAprès notre repas pris à Woito, nous faisons un détour pour aller visiter le marché intertribal d’Alduba, qui se tient chaque semaine le mardi, nous avons de la chance! C’est le lieu de rencontre des communautés Hamer et Banna, mais également des Bashada, Karo et Tsemay. Chaque tribu de la vallée de l’Omo arbore son costume et sa coiffure traditionnels, mais sans oublier le modernisme, avec le portable en main ou à l’oreille!!! Les femmes comme les hommes Hamer et Banna, ont un sens très poussé de l’esthétique. marché AldubaLes femmes s’enduisent le corps et les cheveux tressés d’huile et d’argile. Elles se couvrent les hanches d’une peau de vache, portent de nombreux bracelets en étain, des colliers de perles multicolores et de coquillages blancs. Plus la tenue est complexe et chargée, plus leur mari est riche, d’où l’importance sociale de la parure.

Beaucoup de femmes de la vallée de l’Omo portent une calebasse sur la tête, meilleure manière de ne pas être encombrée par cet ustensile, très utile par ailleurs. Les hommes portent sur la tête un bandeau de perles, et une pièce de tissu de couleur entoure leur taille. Ils portent avec élégance, à la main, un appui-nuque (borkoto) et une canne. L’appui-tête a deux fonctions: supporter la nuque en position couchée afin d’éviter d’abîmer leur coiffure très sophistiquée et plus prosaïquement il peut servir de tabouret.

marché AldubaSur ce marché, il peut y avoir jusqu’à 7000 personnes, venant de tous les coins de la vallée de l’Omo, certains n’hésitant pas à marcher pendant plus d’une journée pour y venir. On y trouve des céréales, des légumes, des vêtements, tissus, chaussures, mais également de l’artisanat : bijoux, sculptures, masques et poteries. Nous nous laissons tenter par des statuettes et un plat de bois décoré, le guide local qui nous accompagne négocie les prix. La pluie interrompt ce bon moment, mais de toute façon, nous devions reprendre la route pour Jinka. Ce soir nous logeons au Jinka Resort, petits bungalows assez rustiques, mais situés dans un parc boisé.

 

 

Vallée de l’Omo, rencontre avec les Mursi

Nous empruntons une piste sur une soixantaine de kilomètres. Elle chemine dans une vaste plaine couverte de savane semi-aride et d’étendue broussailleuse, immense réserve d’espèces de mammifères et d’oiseaux. Nous apercevons quelques dik-diks, antilope naine de 30 à 40 cm,  mais nous aurions pu voir des éléphants, lions, léopards, kudus… enfin si l’on en croit notre guide local 😉 MursiIl faut plus de deux heures pour atteindre, l’une des entrées du territoire de l’ethnie Mursi. Les Mursi vivent en lisière du Parc National Mago, dans la vallée de la rivière Omo, située dans la dépression du rift, à proximité de la frontière du Soudan et du Kenya.

mursi femme à plateauLes Mursi seraient moins de dix mille et la population diminue du fait de conditions sanitaires extrêmement précaires, de périodes de sécheresse plus longues et de leur déplacement forcé vers les terres arides de l’Est. Les femmes Mursi (ou femmes à plateau) portent encore des ornements labiaux et auriculaires en forme de palets. mursiLe village Mursi qui nous accueille est composé d’une vingtaine de huttes de petite taille (moins de 1,20 m de hauteur), bâties sur une armature d’acacias et couvertes de chaume. Dans ces abris rudimentaires, serrés les uns contre les autres, les Mursi dorment dans une absence totale de confort avec juste une peau de vache étendue sur le sol.

Il y a environ 300 habitants, dont de très nombreux enfants. Parmi les traditions du peuple Mursi figurent les combats de bâton même s’ils sont illégaux. Autre tradition, les disques labiaux en argile (labret) portés par les femmes Mursi mariées. Ces derniers peuvent mesurer jusqu’à 12cm de diamètre. Ils sont insérés dans une ouverture pratiquée entre la lèvre inférieure et la mâchoire après avoir extrait 4 dents. Cette pratique obéit à des motifs esthétiques et marque le passage à l’âge adulte. C’est une marque ethnique de richesse et d‘appartenance coutumière à un clan « noble », ancien ou important socialement. Le plateau n’est porté par la femme qu’au village et en présence de son mari ou de ses fils aînés. Avant de porter le plateau, la femme doit passer par différentes étapes rituelles initiatiques selon sa classe d’âge. Très jeune, elle a le crâne rasé  puis entre 9 et 12 ans, on perce les oreilles des fillettes et on y introduit des disques de terre séchée ou en bois. Vers 15 ans, elle pourra être demandée en mariage, le prétendant offrant des vaches au père.

MursiPar ailleurs, les Mursi décorent leur corps avec des scarifications ou des peintures de guerre. La peau boursouflée symbolise le courage d’un homme ou la beauté d’une femme. Ces scarifications rituelles  sont faites à l’aide  de petits cailloux ou d’éclats de bois incrustés sous la peau par la fente d’une fine incision. Les motifs représentés sont souvent des symboles mythologiques ou célestes. Les hommes Mursi sont également coquets, mais leur souci essentiel est d’imposer le respect par leur majesté impressionnante. À la base ce sont des guerriers.

Nous sommes parachutés dans ce village et nous sommes comme des chiens dans un jeu de quilles. Les femmes et enfants tournent autour pour nous vendre leur artisanat: plateau labial, petits animaux en terre, bijoux… ou nous réclamer des articles de première nécessité, savon, gâteaux…  Ce n’est pas évident de faire des photos sans faire preuve de voyeurisme, pourtant il y a quelques bons moments… Il aurait fallu une approche plus douce et progressive, comme lorsque nous sommes allés à la rencontre des Himbas en Namibie, mais nous aurions dû disposer de plusieurs jours, faire du camping dans les environs et se déplacer à pied…

Après environ 2 h de visite, nous reprenons la piste en sens inverse pour Jinka où nous faisons la pause déjeuner. Nous continuons vers Konso sous le soleil. Sur le bord de la route, de jeunes garçons Suri sur leurs échasses attendent le touriste, mais cela se fait dans la bonne humeur. Les garçons Suri arborent de très belles peintures sur tout le corps et ils en sont très fiers. Nous passons la nuit à Korebta Lodge, très beaux bungalows posés sur les hauteurs de Konso.

 

 

Vallée de l’Omo, un village Konso

village KonsoNous partons pour la visite d’un village Konso, avec un chef de village parlant couramment l’anglais. Il nous explique qu’il y a plus de 300 000 Konso. Ils font partie du groupe ethnique des Oromo. Dans ce village, il y a 11 000 habitants, dont beaucoup d’enfants (en moyenne une femme a 8 enfants) et 42 écoles. L’aménagement en terrasse des habitations résulte de travaux colossaux. Cette disposition minimise les risques d’érosion et facilite le stockage de l’eau de pluie. Un rempart de basalte et de terre séchée, faisant plus de trois mètres de haut, entoure les villages Konso. Ce système ingénieux permet notamment de se protéger des attaques d’animaux.

village KonsoLe premier mur d’enceinte fait environ 3 km de diamètre et le dernier mur d’enceinte 7 km. Quand le village Konso s’agrandit, il y a construction d’un nouveau mur. Le premier mur date de 850 ans. Les chemins étroits et sinueux entourés de murs de pierre relient entre eux les différentes générations d’une même famille et les clans. Autour de l’habitation familiale se trouvent parfois de petites huttes destinées aux animaux domestiques ou au stockage des grains. Construits en bois et en pisé, les abris forment un plan circulaire recouvert d’une toiture en chaume. Au sommet du toit se dresse une poterie, une décoration originale qui démarque chaque case.

vallée de l'Omo - konsoComme les huttes sont très rapprochées, les toits semblent se superposer. Protégée par des enclos en pierre, la place publique du village Konso, appelée Mora, abrite en son milieu un genévrier qui sert de poteau générationnel (un mât en bois est ajouté tous les 18 ans). Les villageois le taillent en longueur à l’occasion des cérémonies de passation de pouvoir. Ces places rassemblent également les totems funéraires des Konso (waka). village konsoIl y a également des stèles érigées en l’honneur des personnes héroïques. Chaque Mora dispose d’une case communautaire où vivent les gardiens des villages. Ces derniers ont pour mission de veiller à la sécurité de la population, notamment de prévenir des vols du bétail et des attaques des animaux sauvages.

Le long des chemins sinueux, les enfants nous accompagnent avec des objets qu’ils ont fabriqués à l’école: la fameuse télé Konso ou encore les lunettes, made in Konso. Chacun repartira donc avec sa TV, et nous en plus avec les lunettes! Après cette belle visite, nous commençons à remonter vers le Nord en direction d’Addis Abeba. À grand regret nous quittons la vallée de l’Omo et faisons route vers Arba Minch où nous mangeons à nouveau l’excellent tilapia au restaurant « Soma ». Puis, c’est reparti jusqu’à Sodo où nous allons dormir à l’hôtel Abebe Zeleke où nous avons mangé il y a quelques jours. Bel hôtel assez récent et bon restaurant où nous mangeons du filet mignon.

 

 

Ziway

vallée de l'OmoAujourd’hui, nous remontons en direction de Ziway. En route, nous voyons de nombreuses carrioles très chargées tirées par des ânes ou des chevaux. Zed nous explique qu’ils vont au marché et nous demandons si l’on peut faire un arrêt à ce marché local. C’est OK pour 20 min. C’est l’installation, les lourdes carrioles remplies de céréales, légumes et piments sont déchargées. Novallée de l'Omous sommes les seuls touristes et donc l’attraction du jour, tout le monde veut se faire prendre en photo. C’est la franche rigolade et un bon moment pour nous, comme pour eux!

Un peu plus loin, nous nous arrêtons pour visiter une maison traditionnelle avec des motifs peints. Bel intérieur avec un espace pour les animaux et un autre pour les personnes. Tout le long de la route, il y a de nombreux étals d’avocats et de fruits tels que mangues, oranges, ananas… puis des serres immenses dans lesquelles sont cultivés des légumes et des fleurs, principalement des roses destinées aux marchés européens. Nous arrivons à Ziway vers 14h et mangeons, fasting food, poisson, frites et bière pression.vallée de l'Omo Rapidement, nous nous posons à l’hôtel Bethléem composé de bungalows confortables et d’un beau jardin fleuri.

Nous partons en barque sur le lac Ziway. Cerné par des montagnes volcaniques, ce lac est le plus grand (425 km2) du groupe nord des lacs de la vallée du Grand Rift.. On peut y observer une abondante faune ornithologique, pélicans blancs, ibis, aigles pêcheurs et des marabouts qui se nourrissent des déchets laissés par les pêcheurs. Le vent bien présent provoque de grosses vagues sur le lac de couleur marron. Les hippos font des apparitions très furtives. Les pêcheurs ne semblent guère s’en soucier sur leurs minuscules embarcations en bambou. Nous nous approchons de Bird Island où nous pouvons observer les oiseaux : aigrettes, ibis… puis accostons sur l’île Galila pour monter à un monastère.

 

 

Ça sent la fin des vacances…

marché Addis AbebaDernière ligne droite pour remonter à Addis Abeba où nous faisons un tour du marché en voiture. La circulation est très ralentie. Sur les étals et par terre traînent des tas d’objets hétéroclites, cela ressemble plus à une braderie et tout se vend, une vraie caverne d’Ali Abeba!!! Nous allons dans un centre commercial touristique pour acheter des tee-shirts made in Ethiopia et autres bricoles. Avant d’aller à l’aéroport, nous sommes invités à dîner chez Jonas, le directeur de l’Agence Bella Abyssinia. En partant, il remet à chacun un paquet de café éthiopien. Sympa!

 

_________

 

Ainsi se termine notre 2e voyage en Éthiopie, ce vaste pays aux multiples facettes. C’était un circuit diversifié, avec peu de temps morts, et beaucoup de temps forts! Nous restons cependant sur notre faim quant aux tribus de la vallée de l’Omo que nous avons survolées, aux randos que nous aurions aimé prolonger à l’assaut des églises perchées du Tigray, au Simien que nous n’avons pas vu. Peut-être une saison 3 en perspective?!?!

Le voyage en un coup d'oeil

2 commentaires

BERNARD Jean-Claude et Marie-Claude 17 avril 2020 - 16 h 17 min

Toutes nos félicitations pour ce magnifique reportage !!! merci de nous l’avoir fait partager. Patrick a-t-il réellement perdu un rein au cours de ce périple ou avons-nous mal compris ?
Avec toute notre amitié,
Marie-Claude et Jean-Claude (Ethiopie saison 1)

Répondre
Patrick 18 avril 2020 - 9 h 21 min

Cela fait plaisir d’avoir de vos nouvelles sur ce blog. Heureusement, j’ai toujours mes deux reins :-). C’est juste un langage allégorique et humoristique pour dire que notre voyage comportait beaucoup de trajets, et donc était assez fatigant. C’est la contre-partie de parcourir l’Éthiopie dans toutes ses largeurs…

Répondre

Poster un commentaire