Le parc d’Aiguestortes, une variante de la HRP
Après les « Trois 3000 de la HRP » une page se tourne et nous abordons les Pyrénées catalanes avec son fleuron, le Parc National d’Aiguestortes, à l’écart du trajet canonique de la HRP, mais qui mérite vraiment le détour.
J11. Variante sauvage de la HRP
Estany de Guerosso Blau, estany de Flamisella, estany de Mariola, estany Major de la Gallina ( +1200m, -1060m, 16,7km )
Patrick a choisi la variante alpine par les estany de Flamisella, del Port et de Mariola pour éviter de redescendre dans la vallée. Nous quittons donc le GR pour prendre un petit sentier à droite cairné et balisé jaune qui grimpe bien. D’en haut, nous dominons l’Estany de Flamisella, dans lequel se reflètent des nuages joliment éclairés. Magnifique! Cela ferait une belle halte pour le bivouac, mais il est un peu tôt! Nous descendons en forêt, puis longeons l’Estany et au niveau de la source, remontons pour arriver sur un grand plateau où 4 ou 5 juments et leurs petits caracolent.
Et bien sûr, on se perd!
Il est difficile de suivre la trace, car les cairns se perdent un peu. Après une descente, nous nous lançons dans une traversée fine mais cairnée, avant de retrouver le sentier qui surplombe l’estany del Port. À son niveau se trouve le GR et nous remontons vers le bel Estany de Mariola. À partir de là, nous suivons des marques bleues qui nous mènent à un col 200m au-dessus.
Les marques descendent vers la gauche, mais la trace GPS de Patrick ne suit pas le même itinéraire. Nous faisons confiance à la trace et tentons de suivre quelques cairns dispersés, qui s’espacent de plus en plus. Nous abordons alors une descente un peu galère. Il n’y a que les bouquetins pour passer par là. En bas, l’on retrouve le tracé jaune qui nous mène à la cabana del Fangassal à 1885m.
Galère de Gallina!
Maintenant, il faut réattaquer la montée et il fait chaud. Il y a de belles vasques et cascades qui nous tendent les bras… c’est le torrent de Roia de Mollas. On passe devant l’Estany de Liavera puis l’inferior de la Gallina et enfin le mitja de la Gallina que l’on confond avec le lac supérieur. Nous posons les sacs, faisons la sieste, et prenons le goûter, avant de s’apercevoir que nous ne sommes pas arrivés! il va nous falloir repartir et remonter encore 150m.
Heureusement que c’est joli, car la fatigue se fait vraiment sentir. Enfin, nous voilà au bon endroit. Nous choisissons un bel emplacement de bivouac au pied de petits estanys. Des lacs au tracé sinueux entremêlent leurs eaux au pied d’une falaise rose-rouge. C’est de toute beauté, sous la chaude lumière du coucher du soleil.
J12. Une journée de transition à Esterri d’Aneu
Estany Major de la Gallina, coll de Calberante, estanys de la Tartera, Alos d’Isil ( +280m, -1380m, 11km )
Ce matin nous devons nous lever tôt, car nous faisons un ravitaillement à Esterri d’Aneu. Et il faut faire fissa: nous sommes dimanche et les magasins ferment à 14h. C’est donc avec les frontales que nous démarrons notre journée de randonnée. Dans un premier temps, nous suivons le tracé jaune et les cairns qui nous montent au coll de Calberante.
Magnifique! Nous assistons au lever de soleil sur l’Estany major de la Gallina. Les couleurs du lac passent du bleu sombre au violet et nous enchaînons les prises de vue. Mais il faut nous arracher de ce spectacle magique et continuer notre route vers les estanys de la Tartera. Nous suivons trop longtemps les marques jaunes et nous dirigeons à gauche vers un col où caracolent quelques isards. Encore quelques photos et nous tentons de rejoindre la trace en traversée.
Finalement nous retrouvons les cairns menant au coll de Cornella. Le chemin de descente fait des zigs et des zags bien tracés avant de rejoindre un dédale de blocs. C’est bien cairné et nous retrouvons ensuite les prairies et forêts de hêtres et de chênes.
Esterri d’Aneu, joli village catalan
Vers 10h30, nous atteignons la route et tentons le stop. On poireaute vingt bonnes minutes sans voir de voiture dans notre sens et l’on décide donc de descendre vers le village d’Alos d’Isil pour augmenter nos chances. En attendant une âme charitable, Patrick réserve l’hôtel Trainera à Esterri d’Aneu. Une première voiture nous amène à Isil, puis une seconde à Esterri d’Aneu. Finalement nous sommes au pied de la supérette à midi trente. Après le ravitaillement, une bonne douche et un restau, nous avons encore toute l’après-midi et le début de soirée pour nous reposer, faire la lessive et profiter du SPA avant le dîner. Au vu du très faible trafic routier, nous réservons un taxi pour le lendemain à 7h45 pour nous remonter à Isil.
J13. Les estanys de Garrabea
Isil, refugi Airoto Gracia, estany de Garrabea, estanyolete de Garrabea ( +1450m, -390m, 13,9km )
Depuis le village d’Isil, le sentier attaque raide. Nous continuons en forêt pendant un bon moment et nous dirigeons vers le col dell Clot de Moredo qui semble reculer au fur et à mesure de notre progression! Nous traversons de belles prairies avec des chardons bleus. Peu de temps après le col, nous arrivons au refuge non gardé d’Airoto Gracia. Il y a deux randonneurs qui se reposent, ce sont des Français que nous avons croisés au Refuge de Certascan. Alors que je m’exclame « il est vraiment au milieu de rien ce refuge », l’un d’eux me répond « il est au milieu du silence… ». Belle réflexion à méditer.
Un après-midi de misère!
Après le pique-nique, nous affrontons un dédale de blocs qui doit nous mener au col 180m au-dessus, mais c’est une grosse galère. Les balises jaunes sont plus qu’irrégulières et il y a des cairns un peu partout. Nous sommes obligés de marcher les yeux vissés sur la trace GPS, car il est très difficile de se repérer dans cet imbroglio de roches, de ruisseaux et de buissons de genévriers. En plus de cela il faut faire attention de ne pas se tordre les chevilles dans les buissons qui masquent les trous d’eau.
Je me rappelle encore de cette partie dans notre périple de 2019. Visiblement, nous ne faisons pas mieux!
Nous arrivons trop haut, donc au-dessus de l’estany de Garrabea et trop à droite. La descente jusqu’au bord de l’estany se fait dans des blocs instables. Ensuite il faut longer le lac toujours sur des blocs.
Ouf ! Contents de boucler cette étape
Nous retrouvons nos deux randonneurs, qui ont galéré comme nous. Comme nous, ils ont essayé en vain de suivre les marques jaunes et toujours avec humour, ils nous lancent « Il semblerait que José a eu quelques problèmes avec la peinture! ». Puis nous continuons vingt bonnes minutes jusqu’à l’estanyolete de Garrabea, petit lac qui se trouve une centaine de mètres au-dessus. En effet, cela nous avance sur l’étape de demain qui sera copieuse pour rejoindre le parc d’Aiguestortes par la variante de la HRP. Nous nous baignons dans le lac et de notre bivouac, nous profitons d’une très jolie vue sur le grand estany de Garrabea.
J14. Le parc d’Aiguestortes, un temps fort de la HRP
Estanyoletes de Garrabea, port de la Bonaigua, estany Gerber, refugi Mataro, col d’Amitges, refugi d’Amitges ( +1140m, -1030m, 17,6km )
Ce matin, les nuages sont présents. Nous remontons une bonne centaine de mètres et dominons l’estany Pudo lové dans un bel écrin de verdure propice au bivouac. Nous aurions gagné au change d’y passer la nuit, mais je ne me rappelais plus ce beau petit lac. Ensuite le sentier est bien roulant jusqu’au Port de la Bonaigua. Des orages sont prévus à partir de 12h et déjà quelques gouttes tombent en montant à l’Estany Gerber.
Nous sommes entrés dans le Parc National d’Aiguestortes et le balisage de la HRP est récent et le sentier bien protégé.
En route vers le refuge Mataro
Nous faisons une pause graine à l’estany San Maurici et déjà les touristes arrivent. Ensuite, une montée très agréable en forêt domine le bel estany de Gerber.
La plupart des randonneurs s’arrêtent ici. En effet, le terrain devient ensuite plus ardu, la pente se redresse et il y a une bonne longueur avant d’atteindre le refugi Gerber Mataro.
Arrimé au rocher par des haubans, on ne peut pas manquer ce cube de tôles orange. Il domine l‘estany de l’Illa dans lequel barbotent de nombreux touristes, malgré l’interdiction de baignade dans le parc. Après le pique-nique, nous rejoignons aisément le coll de l’Estany de Gelat, passons au-dessus de l’estany Negre de Dalt.
Le col et les aiguilles d’Amitges
Ensuite, l’itinéraire en blocs est plus délicat. Il y a des cairns un peu partout, mais l’on garde un cap qui nous amène un peu à gauche du coll d’Amitges à 2760m que l’on rejoint en une petite traversée. Le ciel se dégage un peu, et il semble que nous ayons évité l’orage. Il ne nous reste plus qu’à nous laisser glisser jusqu’au refugi d’Amitges.
En fait ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît, car le sentier alterne avec des passages instables sur blocs.
Puis nous retrouvons le balisage jaune du parc et passons au pied des majestueuses aiguilles d’Amitges, un spot d’escalade.
Fini la solitude !
Pour arriver au refuge que l’on voit sur l’autre rive de l’estany Gran d’Amitges , nous devons contourner entièrement le lac. Il est 16h lorsque nous franchissons la porte du refuge et celui-ci est plein à craquer. À cause de l’interdiction de bivouac dans le parc d’Aiguestortes, et même si la HRP nous ne la concevons qu’en totale liberté, nous n’avons pas d’autre choix que de dormir dans le refuge.
Mais nous n’avons pas réservé de nuit, car tout est complet depuis des lustres…
Des places se sont heureusement libérées ce jour dans le grand dortoir. Il ne faut toutefois pas espérer y passer une bonne nuit! Payer pour mal dormir c’est un comble, heureusement le dîner est bon et copieux!
J15. Superbe étape HRP dans le parc d’Aiguestortes
Refugi d’Amitges, Tuc de Ratera, port de Colomers, Refugi Ventosa I Calvell ( +1060m, -1190m, 15,5km )
Nous démarrons la journée par un large GR, mais à 8h il n’est pas très fréquenté. En effet, les neuf refuges du parc national d’Aiguestortes sont reliés par un itinéraire de montagne, le Carros de Foc, qui est très apprécié des randonneurs petits et grands.
Dans le petit jour, nous passons entre l’estany del Barbs et l’estany de la Munyidera, et montons tranquillement jusqu’au Port de Ratera. À cet endroit, nous quittons le GR pour prendre une sente cairnée à gauche en direction du Tuc de Ratera, culminant à 2862m.
Un panorama à tomber raide
Cela grimpe bien, mais là-haut la vue est renversante: sur la gauche, un cirque bordé de crêtes effilées, en arrière-plan le massif de la Maladeta avec le pic d’Aneto, en dessous de nous une multitude de lacs et laquets tels que le Ratera de Colomers, le Deth Caps de Colomers, le Deth Podo. C’est immense, grandiose et rien que pour cette vue, la HRP se doit de traverser le parc d’Aiguestortes!
Il nous faut redescendre, car la journée est loin d’être terminée. Nous rejoignons le col de Ratera juste en dessous pour nous diriger par une pente caillouteuse et herbeuse vers l’extrémité du lac de Ratera de Colomers. Nous descendons prudemment, car la pente est vraiment prononcée, mais cela tient bien, car le temps est sec et la neige a fondu depuis longtemps.
Ventosa, un refuge à l’ancienne, avec grand dortoir…
On retrouve les cairns en bas qui nous mènent au lac Deth Podo, au lac Gelat et enfin à celui Deth Port de Colomers. Ensuite, nous suivons un balisage rouge qui nous monte au Port de Colomers. S’en suit une longue, très longue descente et faux plat qui se termine au pied du Tort de Colieto et Gran de Colieto avant de remonter enfin vers le Refugi Ventosa I Calvell.
Le refuge Ventosa se découvre au dernier moment, il domine le très grand estany Negre. Il y a beaucoup de monde à notre arrivée vers 17h. Contrairement au refuge Amitges, c’est un petit refuge de montagne. L’intérieur est cosy. De nouveau, nous expliquons que nous sommes sur la HRP, que le bivouac est interdit dans le parc d’Aiguestortes, mais que n’avons pas pu réserver, car tout était complet ce soir. Le gérant nous dit qu’il fera le point après le repas et qu’au pire, nous dormirions dans le réfectoire.
Après le repas, il apparaît qu’il reste de la place dans le dortoir, mais ce sera finalement une mauvaise nouvelle. Pas moins de 60 personnes vont tenter de dormir dans le même lieu. Toute la nuit ce sera un va-et-vient entre les toilettes et le dortoir. Il fait très chaud, cela ronfle, cela tousse sans arrêt. Nous garderons un mauvais souvenir de cette nuit au refuge Ventosa!