La HRP par l’Ariège et l’Andorre
J1. Les étangs du Carlit, un cadre super pour notre première nuit de bivouac
De Pyrénées 2000 à l’Estany de Sobirans ( +710m, -170m, 15,4km )
Nous partons de Pyrénées 2000 sous le soleil le mercredi 17 juillet. Comme c’est agréable de débuter avec un temps clément et un bon sentier forestier pour une mise en jambe tranquille! Mais, toutes les bonnes choses ayant une fin, cela commence à grimper en direction de l’Estany de la Pradella. C’est le premier étang du Carlit, le premier d’une longue série. Nous croisons sur le GR10 quelques randonneurs chargés et nous nous mêlons aux nombreux touristes partis à la journée. Ensuite, une montée raide dans des blocs nous amène à l’estany del Viver à droite et l’estany Nègre à gauche.
Puis encore un étang à droite, l’estany de la Dugue, puis l’estany del Castellar, l’estany de Trebens … Mais enfin, il y a plus d’eau que de terre dans ce pays!
Notre premier bivouac sur la HRP
Finalement, nous arrivons à l’estany de Sobirans, l’étang le plus proche du Carlit, où nous montons la tente.
C’est un endroit magnifique et bucolique: à droite, à gauche, les rhodos mettent des touches de rose.
Des chevaux portant des clarines paissent en tintinnabulant le long de l’étang. Peu effarouchée, une canne fait visiter notre bivouac à ses petits en cancanant.
Nous sortons le réchaud pour les soupes et notre première ration de pâtes, et puis le marchand de sable passe tôt ce soir, car nous avons une grosse journée demain. Bonne nuit!
J2. Le Carlit, un sommet comme on les aime
Estany de Sobirans, pic Carlit, barrage du lac de Lanoux, portella de Lanos, col de Puymorens, L’Hospitalet-prés-l’Andorre ( +1000m, -1810m, 24,1km )
Eh bien, non ce ne fut pas une bonne nuit! Les chevaux ne semblent pas avoir besoin de sommeil. Il n’ont également pas de meilleure idée que de brouter autour de la tente. Et c’est un concert de clarines, jusqu’à ce que Patrick, excédé, se lève pour les faire partir. Mais allez bouger des bestiaux de 300kg! Il les pousse sans résultat, leur met sa frontale dans l’œil, aucun effet. Mais que faire? Bien énervé, il se met à crier et là cela marche, ils détalent enfin!
Objectif, le pic Carlit
Sous le soleil levant de 7h, nous partons en direction du Carlit qui culmine à 2921m. La montée, d’abord régulière, se redresse bien avant le sommet. Il faut mettre les mains à différents endroits, mais le sentier est très bien balisé.
Tiens donc! un jeune couple redescend du sommet. Ils sont partis du refuge des Bouillouses à 2h30 pour assister au lever de soleil vers 6h30. Bel effort!
En effet, la vue est grandiose du sommet. D’un côté tous les étangs du Carlit sont visibles au-dessus des Bouillouses et de l’autre, le grand lac de Lanoux.
Vu du dessus, le lac de Sobirans dessine un cœur. Quel spectacle et quelle séance photo!
La descente est bien tracée, mais très raide, pas droit à l’erreur… Les premiers randonneurs arrivent de ce côté-ci, bien fatigués. Pour eux la montée c’est un pas en avant et deux en arrière dans des éboulis friables, cela use le moral! Lorsque depuis le bas nous regardons l’itinéraire, l’on se dit que ce n’est pas possible d’être passés par là.
la HRP entre en Ariège
Nous poursuivons la descente jusqu’au barrage du lac de Lanoux avant de remonter dans un couloir de rhodos. La fatigue se faisant sentir, nous nous arrêtons pique-niquer sous la Portella de Lanos, à 2468m en s’abritant du vent dans un abri de pierres. La descente est un peu paumatoire, et ensuite, la piste semble bien longue pour remonter vers le col de Puymorens. Au col, c’est sans compter les 150m de montée qui restent avant de redescendre en forêt.
Enfin on y est, la HRP nous emmène en Ariège. Cela n’en finit pas, mais heureusement le sentier est agréable. Ce sont de grands lacets peu efficaces pour perdre lentement de l’altitude. C’est donc vers 17h que l’on atteint le village de l’Hospitalet-prés-l’Andorre. Vu notre état de fatigue, en plus de manger au gîte, nous décidons d’y prendre une chambre pour essayer de passer une bonne nuit.
J3. La HRP en Ariège, c’est pas du gâteau!
L’Hospitalet-prés-l’Andorre, étang de Pédoures, étang de Couart, étangs de l’Albe, col de Juclar, étang de Joclar, refuge du Rulhe ( +1340m, -620m, 17,6km )
Au p’tit déj, nous échangeons avec Andréa, jeune Québécoise, partie depuis le mois de mai jusque fin septembre sur l’HexaTrek. C’est un truc de ouf, la traversée de la France des Vosges aux Pyrénées Atlantiques en passant par tous les massifs montagneux, soit environ 3000km. Respect! Quant à nous, nous entamons modestement notre 3ème étape sur la HRP nous menant par des chemins détournés des portes de l’Ariège au refuge du Ruhle. La montée est bien régulière le long du ruisseau de Siscar puis celui de Val d’Arques.
Nous rejoignons le grand étang de Pédoures et c’est là que l’on commence à enjamber les premiers blocs d’une très, très longue série. Nous le savions, la HRP en Ariège, c’est le sentier du caillou. Les blocs longent le lac, mais en hauteur. C’est ensuite plus tranquille. Nous parcourons quantité d’étangs, celui de Couart, puis celui du bas et du haut de l’Albe. Les rhodos sont en pleine floraison. Nous pique-niquons sous le col de l’Albe.
Et l’on reparle de l’HexaTrek
Dans la montée au col, Andréa, la jeune Québécoise, nous rejoint et nous reprenons notre discussion du matin. Elle nous parle de l’HexaTrek, du bivouac, des ravitaillements. C’est une belle rencontre, mais nos chemins se séparent au col de Juclar à 2440m. Andréa descend sur le refuge de Juclar et va faire ensuite un ravitaillement en Andorre.
Quant à nous, nous descendons vers l’étang de Joclar. On aperçoit le refuge du Rulhe sur la montagne en face, encore deux heures de marche. Nous entamons une descente dans un immense pierrier, tracée dans les blocs à la baramine par l’ancien gardien du refuge. En bas, on passe le long de l’étang de l’Estagnol, on longe le torrent de l’Aston avant de remonter jusqu’au refuge du Ruhle, la dernière partie semble interminable.
Orage ou pas d’orage?
Le ciel se charge, mais rien de méchant pour l’instant. On a le temps de monter la tente et de prendre un goûter au refuge avant que les premiers coups de vent annoncent un orage. Une averse de grêle s’abat sur le tente, avant que le ciel ne se dégage à nouveau 15 minutes plus tard. Nous prenons un repas copieux au refuge. Il y a beaucoup de monde et surtout Julien qui enterre sa vie de garçon avec des copains. Ambiance assurée…
J4. La HRP en Andorre
Refuge du Rulhe, étangs de Fontargente, estany de Cabana Sorda, refugi de Coms de Jan, estany del Meners de la Coma ( +1500m, -1050m, 19km )
Ce matin, nous débutons par un très beau site, les étangs de Fontargente. Nous aurions pu y bivouaquer à la place du refuge de Ruhle, mais nous aurions dû transporter un repas de plus. L’éternel dilemme entre poids du sac et liberté… Pour cela nous redescendons jusqu’au torrent de l’Aston et prenons le GRP vers les étangs de Fontargente. Au début c’est un sentier, puis une montée sur du gros bloc, d’abord bien balisé, puis plus rien… Y a-t-il eu un éboulement? Nous jouons donc à saute-mouton sur de très gros blocs, avant de jouer les sangliers dans les bosquets de buis et de rhodos. En fait, nous sommes au-dessus du GR, nous traçons en oblique et rapidement arrivons à l’étang de de Fontargente à 2250m.
En effet, c’est un site magnifique, prisé des amateurs de bivouac. Il y a encore des tentes, car le parking de la Baladosa n’est pas très loin en contrebas. Ceci explique cela!
Bienvenue en Andorre
La HRP entre en Andorre après le port de Fontargente. Nous descendons sur l’Estany de Cabana Sorda à 2300m. Nous ne nous y attardons pas, car il y a un monde fou. Ensuite, une bonne descente suivie d’un long plat nous mène au rifugi de Coms de Jan, refuge non gardé. De là, l’estany del Meners de la Coma est indiqué à 1h15.
C’est probablement pour les trailers, car nous mettrons 2h et cela ne cesse de monter. Il y a 5 ans, Patrick et Philippe s’étaient arrêtés beaucoup plus bas au niveau du déversoir du lac. Nous passons au-dessus de l’Estany de Ransol avant d’atteindre notre objectif.
Un bivouac bien tranquille
Il y a deux randonneurs bien chargés devant nous qui bouclent l’étape de la HRP à El Serrat en Andorre. Ils en prennent encore pour 3h environ et il est déjà 16h30. Nous sommes contents de nous arrêter à ce bel étang, car l’étape était déjà bien copieuse. Les nuages se dissipent tandis que nous montons le bivouac. Des pêcheurs andorrans arrivent vers 19h et lancent leur ligne non loin de la tente. Cela mord bien, mais d’après ce que l’on peut comprendre, les poissons n’ont pas la taille réglementaire et ils doivent remettre la plupart à l’eau. Dans la nuit, il y a un bel orage au loin, mais par chance nous n’avons qu’une pluie discontinue.
J5. Adieu notre belle variante HRP par les pics frontières de l’Ariège…
Estany del Meners de la Coma, collada de Meners, El Serrat, estany del Mig ( +850m, -1200m, 16,2km )
Il pleut et c’est la purée de pois à 6h. Adieu la variante que Patrick avait prévue, car le topo indique que c’est une sérieuse étape de montagne et qu’il ne faut la faire que par grand beau temps. Nous traînons un moment et nous nous levons finalement vers 9h. La pluie a cessé et les nuages montent peu à peu. Nous rejoignons la Collada de Meners à 2700m, passons devant un joli petit abri sous roche.
C’est une longue descente tranquille qui nous attend jusqu’à El Serrat, accompagnée d’un vent du nord bien frais. Le sentier est bordé d’anémones en graines, d’iris des Pyrénées et de grandes graminées, c’est très bucolique. Il y a même un jardin botanique. Nous rejoignons une piste, puis un petit sentier sombre en forêt. Nous dominons le village d’El Serrat et ses jolies maisons en pierre.
Bivouac tristounet
Le parking en sortie d’El Serrat marque le départ de nombreuses randos. C’est visiblement le lieu de rendez-vous dominical des Andorrans, car il y a beaucoup de monde. Cela grimpe bien jusqu’à l’Estany primer de Tristaina, malheureusement avec le téléphérique en bruit de fond. Il y a de nombreux chevaux qui paissent tranquillement.
Nous montons jusqu’à l’Estany del Mig qui est, comme son nom l’indique, l’étang du milieu et l’on décide d’y faire là notre bivouac.
Le soleil est chahuté par de nombreux nuages qui finissent par se décharger tranquillement au-dessus de nos têtes. J’ai juste le temps de monter la tente pendant que Patrick prépare une infusion. Les éclaircies alternent avec les averses et il faut choisir le bon moment pour préparer les soupes et les pâtes.
J6. Attention, étape HRP très montagnarde dans la caillasse de l’Ariège
Estany del Tristaina, port de l’Albeille, étang de la Goueille, étang Fourcat, étangs du Picot ( +930m, -960m, 13,3km )
Le vent d’hier soir a chassé les nuages pour laisser place à un ciel bien clair. Nous montons doucement vers l’Estany de Mès Amunt de Tristaina, le dernier de la série, avant d’attaquer une bonne grimpette jusqu’au Port de l’Albeille à 2601m.
Très jolie vue avec, d’un côté, les Estany del Tristaina d’où nous venons, et de l’autre, celui de la Goueille à 2400m, au pied duquel nous allons nous rendre. Le tracé est d’abord aisé jusqu’au lac de Goueille, ensuite nous marchons de bloc en bloc en essayant de ne pas perdre le balisage. Il y a une très belle mer de nuages dans la vallée, un pur régal pour la photo.
Le refuge de l’étang Fourcat, au cœur d’un site exceptionnel et incontournable
S‘en suit une traversée montante d’abord en blocs, puis sur sentier jusqu’au collet qui domine le grand étang Fourcat. Il est absolument magnifique d’un bleu turquoise ou marine suivant l’éclairage. Le temps de prendre des photos, il est presque midi et nous apercevons bientôt le refuge de l’étang Fourcat.
Situé à 2440m, fleuron de la HRP, c’est le refuge le plus haut d’Ariège. Là on se sent comme à la maison, une petite bière artisanale à la pression pour commencer et nous nous laissons tenter par une omelette. Le gardien, très sympa, nous montre un isard à la jumelle assez loin sur la crête. C’est rare de les voir à cette heure tardive.
Les crêtes du Malcaras, un dédale de blocs
Après cette collation, il nous faut repartir, car le plus dur de la journée est devant nous. Nous avons encore deux bonnes heures pour rejoindre le 1er étang Picot, mais surtout nous devons franchir le Malcaras. Nous redescendons par le GR en direction de l’étang d’Izourt. Le paysage est grandiose, cela nous fait oublier de quitter le GR et descendons donc le long du petit étang de Fourcat. Nous sommes ensuite quittes pour remonter et suivre les balises jaunes, après avoir perdu une bonne demi-heure!
Une belle montée nous permet de continuer à profiter de ce site exceptionnel, les lacs de Fourcat et le refuge de l’étang Fourcat se fondent dans la roche rouge. Cela doit être magnifique au coucher de soleil, mais pas question de bivouaquer là dans cette caillasse hostile! Il faut bien suivre le balisage et les cairns. Nous attaquons la crête NE de Malcaras par un dédale de blocs. L’itinéraire nous fait redescendre dans une combe encombrée de blocs avant de remonter sur la crête NNE du Malcaras. C’est très paumatoire, et il faut vraiment aimer les dédales de rochers et cailloux, typiques de la HRP en Ariège!
Les étangs du Picot, dans mon top 10 des bivouacs
Au collet, nous dominons le premier étang du Picot. Quel paysage ! Mais ce n’est pas fini, car la descente est parsemée d’embûches : blocs, marches et câbles. La vigilance est de rigueur, surtout que la fatigue se fait sentir. On laisse donc ce premier lac pour descendre vers le second, plus grand encore.
L’ idée est de bivouaquer au même emplacement qu’il y a cinq ans, au niveau du déversoir du lac.
C’est un très bel endroit, la tente est montée au pied de l’eau. En face de nous, un beau rocher en forme de poisson se reflète dans le lac. Patrick se jette à l’eau. Je me contente de le regarder s’ébattre, elle est bien trop froide pour moi.
Nous profitons du soleil jusque vers 21h15. Les couleurs virent à l’orange et cela donne des photos magnifiques. Nous montons sur un sommet tout proche, pour contempler la vallée et l’éclairage tamisé du soleil dardant à travers les nuages. Tous les amoureux de la HRP devraient passer un moment dans ce coin perdu de l’Ariège.