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Bale Mountains, les sommets de l’Ethiopie

de Patrick

A la rencontre du loup d’Abyssinie

 

Awash

AwashAprès un bon p’tit déj, nous continuons notre route vers le Sud jusqu’à Awash par la route qui vient de Djibouti. Nous traversons des paysages arides, des plaines brûlées par le soleil. Les maisons ou plutôt les minuscules cases sont posées à même les cailloux. Il y a de nombreux camions éthiopiens sur cet axe vital pour l’économie du pays. Certains malheureusement ont fini leur course sur le bas-côté, retournés ou même pliés en deux. Nous apercevons quelques animaux tels que des gazelles, des autruches et des phacochères.

C’est maintenant un paysage de savane, cela nous change du Danakil! AwashNous traversons la rivière Awash, longue de 1200 km qui prend sa source dans les hauts plateaux éthiopiens au sud d’Addis Abeba, et retrouvons quelques cultures telles que les champs de canne à sucre.

Juste avant d’arrivée, il y a un check point: pour nous, ce sera juste l’inspection du sac de Jean Mimi, mais pour tous les camions qui transportent d’énormes sacs de céréales, les policiers montent sur le chargement et piquent à différents endroits à l’aide de très grandes sondes. Que cherchent-ils? Des armes, des migrants? Nous nous posons à Genet Hôtel, beaucoup plus rustique que le précédent, et retrouvons Virginie qui a atterri ce matin à Addis Abeba. Jean Michel est toujours malade et Patrick a une angine: les nuits dans les courants d’air chaud…

 

 

Asela

AwashAprès une nuit infernale, forte fièvre de Patrick qui semble pourtant se calmer au réveil, nous partons pour le parc national d’Awash. Il y a de nombreux animaux, gazelles, oryx, calaos terrestres, babouins, outardes, tortues… Au bout du parc, nous avons un magnifique point de vue sur les immenses cascades, aux eaux marron qui se déversent dans le canyon d’Awash. Nous descendons au pied de la rivière voir les nombreux crocos qui se dorent au soleil.

Nous repartons pour 3 h de route jusqu’à Asela. Nous traversons le village de Diré-Daoua en pleine effervescence, car c’est l’heure de l’arrivage du khat. Les camions, scooters, charrettes croulent sous les paquets de khat. oromoConsidérée comme un stupéfiant dans de nombreux pays, cette plante énergisante est autorisée et couramment consommée en Afrique de l’Est. Nous arrivons dans une nouvelle région, l’Oromo dont la capitale est Adama.

Cette région est agricole, culture de blé, de khat, fruits et autres légumes. De nombreux collégiens et lycéens en uniforme marchent au bord de la route. La couleur désigne leur école et nous voyons des garçons et filles, les uns en rose, les autres en violet, ou encore en bleu ou vert, quel patchwork! Nous avons droit à de nombreux spectateurs quand Habte répare un pneu crevé. Nous nous installons à l’hôtel Derartu, très correct, et nous commençons le repas par un pastis et du saucisson apporté par Virginie. Cela rappelle le pays et pas de doute que cela va requinquer Jean Michel. Le repas se poursuit par des pizzas qui sont excellentes, les Italiens ont laissé leur savoir-faire!

 

 

Les Bale Mountains

Bale MountainsLe p’tit déj est bon, mais il s’éternise. Le pain arrive, puis 10 min après le jus de fruits frais, enfin le pancake, et pour terminer les boissons chaudes. Il y a beaucoup de personnel, chacun fait quelque chose, c’est le bordel, mais tout le monde a le sourire! Aujourd’hui, c’est le départ vers Goba dans la région des Bale Mountains. La route est magnifique avec de grands champs de céréales, blé, orge, teff, de petits villages avec des maisons rondes en terre au toit de chaume pointu. Nous nous arrêtons pour aller voir une cascade. Une maman et ses enfants descendent avec un âne chargé de bidon d’eau pour faire la réserve, ainsi que la lessive.

Bale MountainsNous mangeons un très bon fasting food à Dodola. Plateau avec injera et différents légumes, lentilles, betterave, épinard, haricots, pomme de terre … Après le repas, nous attaquons la montagne avec un col à plus de 3500 m. Le temps se gâte un peu, nous essuyons même une petite averse. Le paysage mosaïque fait un peu penser au Pays basque. Nous donnons des vêtements d’enfant à une jeune femme et son bébé. En redescendant le col, nous apercevons de nombreux animaux tels que phacochères, nyalas et différents volatiles… Nous arrivons en fin d’après-midi au lodge Wabishebele de Goba dans les Bale Mountains où nous resterons 3 nuits. Cela va nous permettre de découvrir le parc sous tous ses aspects. Mauvaise pioche, notre chambre est très sombre et de plus, il n’y a pas d’eau avant 19h30, ceci pour limiter les pertes dans un réseau défaillant.

Bale MountainsDepuis 1970, les Bale Mountains sont classés Parc National éthiopien. S’étageant entre 2500 et 4400 m, les Bale Mountains constituent un territoire isolé de 2200 km, à la géologie volcanique présentant une couverture végétale très particulière, alors qu’aux alentours ce ne sont que steppe et savane. Vers 2500 m, il y a une importante présence humaine (fermes et pâturages) et une végétation abondante et variée. On y trouve également beaucoup d’animaux: phacochères, babouins, antilopes, et… nyalas qui sont endémiques des Bale Mountains. Vers 4000 m un plateau volcanique sans arbres, mais recouvert d’une végétation rase d’herbe, lichen et mousse s’étend à perte de vue. Il souffle généralement un vent glacé que rien n’arrête. On trouve également des tourbières et étangs peu profonds peuplés de canards, et de petits échassiers, comme le chevalier aboyeur.

L’isolement couplé à la géologie et aux conditions climatiques particulières font des Bale Mountains un des endroits d’Afrique ayant le plus de végétaux endémiques, comme la lobélie géante et d’animaux endémiques comme l’ibis caronculé,  le vanneau d’Abyssine et, bien sûr le loup d’Abyssinie, que nous avons hâte d’observer.

 

 

Loup, y es-tu?

Bale MountainsUne très grosse averse nous réveille vers 6 h… Espérons que cela ne plombe pas la journée. Le p’tit déj avec velouté de papaye et pain perdu est servi très rapidement. Marie est malade et va donc rester au lodge. Pour les autres, une excitation certaine nous anime à l’idée d’aller sur le plateau de Sanetti avec un guide du Parc, à la découverte du loup d’Abyssinie.

Bale MountainsLe temps est gris, mais la pluie a cessé ; on sort de Goba et rapidement on monte par une piste en forêt. Quelques éclaircies permettent de faire des photos de maisons traditionnelles et de beaux spécimens de «kosso», arbres aux fleurs rouges avec des vertus thérapeutiques et d’autres aux fleurs jaunes, dont j’ignore le nom. Des enfants, très peu vêtus malgré le froid humide nous réclament des bonbons. Nous arrivons sur le plateau de Sanetti. Les lobélies géantes sont les seuls plantes qui se dressent dans ce paysage à la maigre végétation rase, d’où émergent des blocs de basalte recouverts de lichens colorés. Les 4×4 nous laissent à une grande bâtisse qui est le Centre de recherche sur le loup. Il ne fait pas chaud, il n’est pas rare que la température soit inférieure à 0°.

Loup d'AbyssinieNous partons avec notre guide, déambulons sur le plateau, et tout à coup, il aperçoit un loup. Il est assez loin, on s’approche un peu, il se déplace et on le perd de vue. On marche assez vite, on court un peu, mais à 4000 m les efforts violents se paient cash. On le retrouve et cette fois nous sommes plus proches. On ne bouge plus, pour que chacun le voie, mais on le dérange et il se met à aboyer… comme un chien. Il a un beau pelage roux comme un renard, une longue queue noire et blanche et est assez haut sur pattes. Ça y est, il est dans la boîte! Le jour il chasse seul de petits animaux comme le lièvre de Starck ou le rat-taupe qui constituent sa nourriture favorite. Le soir il retrouve la meute. Nous marchons ainsi une bonne heure à plus de 4000 m, le souffle un peu court, mais très content de l’avoir vu, car le loup d’Abyssinie est une espèce en voie de disparition et il n’y en a plus qu’une vingtaine sur le plateau, d’après le guide.

Bale MountainsOn reprend les 4×4, on continue à s’élever jusqu’au 2e sommet d’Éthiopie, le Tullu Deemtu  qui culmine à 4377m. La route qui conduit à son sommet est la plus haute piste carrossable d’Afrique. Les nuages laissent passer quelques rayons de soleil pour le plus grand plaisir des photographes. Les lobélies géantes forment un premier plan étonnant dans ce plateau désertique où rien n’arrête la vue. Au sommet, une antenne! qui plus est gardée! Le gardien est relevé tous les 15 jours, les journées doivent paraître bien longues dans le froid, avec peu de choses à faire.

Loup d'AbyssinieAprès le pique-nique pris au soleil, on tente de descendre dans la forêt jungle, mais le brouillard monte et les chauffeurs décident de rebrousser chemin, car il n’y aura aucune visibilité. Un peu plus loin, en bord de piste, de nouveau un loup d’Abyssinie. Nous sommes en mode sieste dans les 4×4 et les appareils photo ne sont pas prêts. Le temps de récupérer le matériel, il s’éloigne et nous le photographions de dos dans un décor de roches. Je ne sais pourquoi, peut-être le décor, il me fait penser à Rantanplan, le chien de Lucky Luke!

En redescendant, la pluie et le soleil ont dessiné un très bel arc-en-ciel, accroché au-dessus de la vallée verdoyante. C’est magnifique. Nous nous retrouvons au bar du gîte pour arroser la conservation du loup d’Abyssinie (il en a besoin) et le premier 4000 de Laurent et Olivier!

 

 

Le parc de Dinsho dans les Bale Mountains

Ethiopie amphore lait

Après une bonne nuit, le soleil montre son nez. Nous partons vers 9 h à Dinsho, pour une rando d’environ 3 h, au nord du parc à environ 3000 m d’altitude. Aujourd’hui, nous allons à la découverte des nyalas, phacochères, antilopes rouges et babouins à travers prairies marécageuses et forêts. Nous passons au pied d’une petite maison colorée au toit de tôle, devant laquelle est posée une amphore traditionnelle remplie de lait. Un enfant joue devant la maison et il est aux anges quand nous lui offrons ballons et caramels. Nous croisons de nombreux villageois pauvrement vêtus qui transportent leur chargement sur des ânes et des chevaux.

Dinsho Bale MountainsNous entrons dans le parc de Dinsho et peu de temps après, nous apercevons quelques femelles nyalas, bien reconnaissables à leur robe fauve zébrée verticalement de fines lignes blanches. Un peu plus loin gambadent de petites antilopes rouges et quelques phacochères qui se suivent en ligne, queue dressée! Nous approchons doucement quelques nyalas mâles, qui de détachent bien dans le paysage avoisinant. Ce sont des bêtes puissantes de 100-120 kg à la robe brun ardoise surmontée d’une crinière sur l’échine et le dos. Ils arborent de grandes etDinsho Bale Mountains solides cornes élégamment arquées. Au loin, nous apercevons les babouins que nous retrouverons en bord de route au retour vers Dinsho.

Pour le repas Habte nous a commandé un très bon fasting food aux lentilles, servi généreusement, puis nous prenons un café traditionnel en terrasse.  L’après-midi, nous pénétrons de nouveau dans le parc, mais côté forêt. Les arbres sont recouverts de lichen. Nous y trouvons de nombreux nyalas mâles. La forêt est en effet leur terrain de prédilection pour se protéger des grands félins, car ils sont moyennement rapides à la course. Joli tableau, une femelle allaite son petit. Lorsque nous quittons le parc, de très gros nuages noirs annoncent l’orage et effectivement dix minutes plus tard, ce sont des trombes d’eau qui s’abattent sur les passants en bord de route. Nous l’avons échappé belle.

 

 

Canaille de caracal 😉

caracalIl  a beaucoup plu une bonne partie de la nuit et ce matin, le ciel reste encombré de nuages. Nous quittons à regret les Bale Mountains et reprenons la route vers Dinsho, Dodola et Shashemene à l’Ouest avant de bifurquer plein sud vers Awasa. Au niveau de Dinsho, un 4×4 en bord de route nous fait signe de nous arrêter. Pas très loin, un caracal nous regarde, quelle belle rencontre! Le caracal est un lynx des régions arides. Sa robe uniforme de couleur fauve l’aide à se fondre dans son environnement. Le caracal est bien reconnaissable à ses oreilles pointues surmontées d’un pinceau de poils sombres.  Ses pattes postérieures sont plus longues que les antérieures ce qui lui permet de bondir sur des oiseaux en vol! Nous descendons de voiture pour nous en approcher, mais on ne le reverra plus! Le caracal a pour seul prédateur… l’homme. En remontant le col, le soleil fait de belles apparitions, ce qui nous permet de prendre quelques photos de belles maisons au toit de chaume. Au col, nous distribuons  les derniers vêtements d’enfants (Pierre et Louise ont fait de nombreux heureux).

C’est samedi et il y a beaucoup de monde. Nous mangeons à Shashemene dans le restaurant de l’ancien coureur de fond médaillé olympique Haile Gebrselassié. Avant d’arriver à Awasa, nous devions nous arrêter à une cascade et des sources d’eau chaude, mais il pleut à verse… Le marché du khat dans le village suivant bat son plein, c’est la défonce légale! À Awasa nous logeons à l’hôtel Godolyas, hôtel 4* très classe et mangeons dans un bon restaurant italien juste à côté.

Le voyage en un coup d'oeil

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