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Ossau, Ansabère, Table des Trois Rois

de Patrick

Corine, Patrick & Philippe invités d’honneur à la Table des Trois Rois !

 

Étape 35: du refuge d’Arrémoulit au refuge de Pombie  (+1400m, -1600m, 20km)

Barrage d’Artouste, col du Lurien, lac du Lurien, Fabrèges, cabane de Saoubiste, col de Pombie, col de Suzon, bivouac au refuge de Pombie

Quelle nuit ventée, les tentes ont été mises à rude épreuve. Bernard est parti très tôt pour prendre un bus dans la vallée afin de rejoindre sa famille. Il était un peu déçu de ne pas pouvoir terminer la traversée, mais il la reprendra courant septembre. Pour nous ce sera une grosse journée, car en plus de la randonnée déjà copieuse, nous devons faire un ravitaillement à Fabrèges.

Pic du Midi d'OssauAprès Barroude, Gavarnie et le Vignemale, nous pénétrons dans la vallée d’Ossau, l’une des merveilles des Pyrénées, sous l’égide de l’impressionnant Pic du Midi d’Ossau. Il se distingue par son isolement et sa forme caractéristique qui rappelle celle d’une dent ou bien d’une pyramide, un faux air de Cervin des Pyrénées. Le ciel est encore bien clair aujourd’hui. Nous descendons jusqu’au barrage d’Artouste, puis prenons un petit sentier à gauche qui s’élève jusqu’au col du Lurien. Ensuite, nous plongeons vers le lac du Lurien. Nous croisons pas mal de randonneurs partis de la station de Fabrèges-Artouste, où nous allons ravitailler au restaurant- supérette « Le Petit Lurien ».

Une foule dense, sentant bon la savonnette, se presse pour prendre le petit train à crémaillère qui rejoint le barrage d’Artouste. Nous détonons un peu, nos gros sacs sur le dos, avec comme seul objectif de les remplir un peu plus! Nous ne trouvons pas à l’épicerie tout ce que nous espérions, mais nous ferons avec. La patronne froide et indifférente au début, se détend un peu quand la conversation tourne autour de notre traversée des Pyrénées. Après un pique-nique et une conso  à la terrasse du restau, nous reprenons la route pour environ 2km jusqu’au bout du lac de Fabrèges. Il ne faut pas traîner, car nous avons encore 3h30 de marche dont 3 de montée et en plus, il fait chaud et un peu orageux.

Nous voilà sur un bon sentier en sous-bois s’élevant régulièrement. Des gens avec des paniers remplis de framboises nous encouragent et nous en font même goûter, en nous indiquant où nous allons en trouver. En effet, un peu plus loin sur le sentier, un passage au soleil regorge de framboisiers couverts à souhait. Quel bon dessert! Nous continuons notre montée à découvert jusqu’à la cabane de Saoubiste, occupée par le berger et sa famille. Il vend de la tomme de brebis. Bien que nous en ayons acheté à l’épicerie, nous lui en prenons un morceau. Nous allons nous en gaver les jours suivants, brebis du petit déjeuner au dîner!

pyrénées isardsLe berger nous explique l’itinéraire jusqu’au col de Pombie, car il n’est pas évident. Le topo indique en effet qu’un peu d’orientation est nécessaire sous le col de Saoubiste. Un bon pierrier à monter nous attend sous le col et c’est dans ce terrain chaotique que nous dérangeons un groupe d’isards, qui ne doit pas avoir l’habitude de voir du monde dans ce secteur. Au col de Pombie, nous découvrons pour la première fois le seigneur des lieux, le Pic du Midi d’Ossau.

refuge de PombieNous avons le refuge de Pombie en ligne de mire, mais il va encore falloir une bonne heure pour le rejoindre, d’abord en traversée vers le col de Suzon, puis sur sentier et finalement dans un chaos de blocs qui nous achève littéralement. Heureusement de nombreux chardons bleus des Pyrénées agrémentent le parcours. Lorsque nous atteignons le refuge de Pombie, il est 17h30. Nous installons notre bivouac en contrebas dans une belle prairie verte, puis allons visiter le bar en prenant d’abord une bière pour nous désaltérer, puis un bon punch maison pour nous requinquer en admirant la masse imposante de l’Ossau. Le refuge de Pombie est en effet le point de départ classique pour l’ascension du pic du Midi d’Ossau par la voie normale. L’orage est annoncé pour la nuit.

 

 

Étape 36: du refuge de Pombie au refuge de Larry (+1000m, -1200m, 13km)

col de Peyreget, bergerie de Cap de Pount, lac Gentau, refuge d’Ayous, col d’Ayous, Hourquette de Larry, bivouac au refuge de Larry

Pic du Midi d'OssauDans la nuit, juste une petite averse et quelques éclairs. Un peu nuageux au lever, mais rien d’alarmant. Nous partons en direction du col de Peyreget et passons au pied du Pic du Midi d’Ossau qui s’éclaire lentement sous un soleil jouant à cache-cache. Arrivés au col de Peyreget, les premières gouttes commencent à tomber, mais cela ne dure pas. On descend d’abord un sentier qui se transforme vite en un enchevêtrement de gros blocs qu’il faut enjamber. S’en suit un replat et l’on débouche sur le lac de Peyreget, dans lequel le Pic du Midi d’Ossau se reflète timidement. Face à nous, les pics de Castérau et du Paradis nous dominent.

Après la cabane du Peyreget, nous descendons un vallon herbeux pentu et quelques lacets assez raides dans une goulotte qui plonge vers la bergerie de Cap de Pount. Nous y faisons une pause pour acheter de la tomme de brebis. Il y vit une famille, qui nous paraît un peu « space », un peu « famille Addams »! Malheureusement, il n’y a plus de greuil, fromage frais réalisé à partir du petit lait issu de la fabrication du fromage de brebis.

Pic du Midi d'OssauNous repartons par une bonne grimpette jusqu’au lac Castérau. Le ciel se noircit de plus en plus et le vent se lève. Mais, le temps que l’on contourne le lac pour trouver un endroit abrité pour pique-niquer, le ciel se dégage laissant flotter le Pic du Midi d’Ossau dans une mer de nuage. Nous continuons en montée jusqu’à un collet qui domine le lac Bersau puis s’en suit une belle enfilade de laquets. De nombreux vautours tournoient au-dessus de nous.

refuge d'AyousUne petite pause goûter au refuge d’Ayous nous permet d’admirer la vue exceptionnelle du Pic du Midi d’Ossau se reflétant dans le lac Gentau. C’est magnifique et l’on serait bien resté pour assister au coucher de soleil. Mais il nous faut poursuivre jusqu’au refuge de Larry, afin d’éviter une trop longue étape demain, HRP oblige! Nous remontons jusqu’au col d’Ayous avec toujours une belle vue sur le Pic du Midi d’Ossau. Nous rejoignons la Hourquette de Larry avant de plonger dans le vallon qui nous conduit à la cabane Larry.

Le refuge de Larry est un refuge non gardé, bien équipé de casseroles, vaisselle, gazinière et matelas ainsi qu’une belle fontaine à l’extérieur. Quatre randonneurs s’installent à l’intérieur. Fabrice, un savoyard, aperçu ce matin au refuge de Pombie va faire une pause et continuer sa route. Nous le retrouverons au refuge d’Arlet, puis aux Aldudes, nous sympathiserons et ferons route jusqu’à Hendaye. En dessous, il y a les cabanes des bergers. Nous profitons du soleil pour faire une bonne toilette, de la lessive et une petite sieste. Cela se couvre un peu, pas de regrets pour le coucher de soleil au refuge d’Ayous. On assiste au retour des brebis et à la traite.

 

Étape 37: du refuge de Larry au refuge d’Arlet (+1400m, -1100m, 25km)

Col de Gouetsoule, col de Lazaque, cabane d’Escouret, cabane d’Espélunguère, col de Lapachouaou, bivouac au refuge d’Arlet

vallée d'Ossau brebisNous nous réveillons avec le doux bruit des clarines de brebis. Il a plu un peu durant la nuit, mais il n’y a plus que quelques nuages résiduels au lever. Aujourd’hui une longue journée de marche nous attend, 8h environ. Nous montons tranquillement au col de Gouetsoule, puis descendons en douceur par un beau chemin en balcon qui laisse découvrir un paysage tout en rondeur, des grès et calcaire, de belles forêts de hêtres, nous quittons la montagne pour les paysages du val d’Ossau.

cabane d'EscouretNous cherchons un peu le sentier qui monte en forêt jusqu’au col de Lazaque. Nous rejoignons ensuite la route du Somport à Peyrenère, que nous suivons sur un bon kilomètre pour prendre le sentier qui va à la cabane d’Espélungère. En passant devant la cabane d’Escouret, le berger nous salue et nous demande comment ça va. Il a envie de discuter et nous de déguster ses fromages. Nous nous arrêtons. Il nous fait visiter sa bergerie avec beaucoup d’humour, parle de sa cuisine intégrée, de sa mezzanine… sa cave est superbe, de nombreuses tommes en affinage, mais aussi des réserves de nourriture. Nous lui achetons de la tomme de brebis et du pâté. Il nous propose même de manger dans sa bergerie. Nous déclinons son invitation et continuons jusqu’à la bifurcation avec la cabane d’Espélunguère.

Vallee d'OssauLe pâté est bien apprécié et nous donne des forces pour la montée en forêt qui suit, plus les framboises que nous trouvons sur le bord du chemin, en guise de dessert. A la cabane d’Espélunguère, un panneau indique le refuge d’Arlet, heureusement car les explications du topo ne sont pas des plus claires. La montée est bien raide et se fait sous la chaleur. On rejoint la cabane Grosse qui ne vend que du fromage, dommage, car on aurait bien bu un coup.

bivouac vallée d'OssauLa bergère et sa fille montent d’un bon pas rechercher le troupeau tandis que l’on tire un peu la langue derrière. On prend un faux rythme sur un faux plat interminable menant au col de Lapachouaou. Et la mauvaise nouvelle c’est qu’il nous reste encore une bonne heure sur un terrain globalement montant. Heureusement que le paysage est beau, une belle falaise de grès rose à droite, la cabane de Gourge-Sec et son petit lac en contrebas. Le Pic du Midi d’Ossau est encore visible au loin.

Au collet nous découvrons le lac et le refuge d’Arlet, tout proche. Nous installons le bivouac, puis prenons un goûter et complétons notre ravitaillement. Eh oui, il faut le souligner, ce refuge au très bon accueil propose du petit ravitaillement, boîte de thon, pâté, pain frais maison… et aussi du gaz. Le repas est également excellent: une bonne soupe, des crudités, l’axoa (prononcez achoa) plat typique basque qui est un émincé de veau cuisiné avec du piment d’Espelette accompagné de semoule et en dessert compote ou mousse au chocolat.

 

Étape 38: du refuge d’Arlet aux cabanes d’Ansabère (+600m, -1000m, 18km)

Col de Saoubathou, col de Pau, Ibon de Acherito, lac d’Ansabère, bivouac aux cabanes d’Ansabère

rando vallée d'OssauAprès une nuit horrible avec des rafales de vent presque ininterrompues, le soleil est bien présent, mais les nuages en os de seiche annoncent une dégradation. Cela confirme les prévisions médiocres annoncées par  la gardienne pour le WE à venir. Fabrice descend à Lescun pour alléger son sac à dos des crampons et grosses chaussures. Aujourd’hui, nous avons une petite journée de 6 heures de marche.

Nous commençons par descendre jusqu’à la cabane de Lapassa avant de remonter au col de Saoubathou. Puis une grande traversée en balcon nous attend jusqu’au col de Pau. Nous profitons des dernières jolies vues sur le Pic du Midi d’Ossau. Nous avons beaucoup de monde jusqu’au col de Pau, puis faisons route seuls vers l’Ouest par un itinéraire pas évident à trouver. Le vent ne nous a pas quittés depuis le départ, c’est épuisant.

Ibon de AcheritoNous mangeons dans un creux à l’abri avant de continuer à descendre pour retrouver le grand sentier qui mène à l’Ibon de Acherito. La montée se fait en plein cagnard et avec du monde. bivouac AnsabèreL’arrivée au lac est superbe; nous continuons de monter jusqu’à la crête frontière d’où l’on domine d’un côté l’Ibon de Acherito et de l’autre le lac d’Ansabère sur lequel nous descendons. Ce dernier est peu profond, envahi par les herbes et les chevaux s’y baignent jusqu’au garrot.

cabane d'AnsabèreIl ne reste plus qu’à se laisser glisser jusqu’aux cabanes d’Ansabère. L’une est réservée aux randonneurs avec 4 couchages et l’autre est celle du berger. Nous lui demandons si l’on peut monter le bivouac autour de la cabane, il semble un peu rustre. On s’essaie plus tard de l’amadouer en lui achetant de la tomme de brebis. Rien n’y fait et cela se confirme quand je lui demande si le col de Pétragème passe bien. Il me répond « les gens y passent, alors pourquoi pas vous ?».  Nous assistons en soirée à la traite des brebis, il en a environ mille. Nous avons juste le temps de manger avant que la pluie arrive.

 

Étape 39: des cabanes d’Ansabère au Pla de Sanchèse (+1400m, -1800m, 20km)

Col de Pétragème, collado de Petrechema, Table des Trois Rois, cabane de Lhurs, bivouac au Pla de Sanchèse

Après une nuit ponctuée de quelques gouttes de pluie et de coups de tonnerre lointains, la brume est bien présente au lever. Nous sommes moroses, car la très belle étape de la Table des Trois Rois exige du beau temps et il serait dommage de se détourner. Mais à notre plus grande surprise, la brume se dissipe très vite et le soleil éclaire fantomatiquement les aiguilles d’Ansabère qui nous dominent. Table des Trois RoisC’est grandiose. Cette variante montagnarde, passant par la Table des Trois Rois ou Mesa de los Tres Reyes en espagnol, aborde le sommet le plus élevé de Navarre. La Table des Trois Rois aurait été le point de rencontre des rois de Navarre, d’Aragon et du Béarn pour y signer un traité… sans quitter leurs royaumes.

Nous grimpons jusqu’au col de Pétragème, au pied des aiguilles d’Ansabère. La lumière est juste parfaite pour la photographie. Au col de Pétragème, nous rejoignons un collet en montant à flanc de montagne vers le pic d’Ansabère. Les champs d’iris des Pyrénées ajoutent encore une belle touche de violet au paysage. Nous rejoignons des groupes d’Espagnols au collado de Petrechema qui, comme nous, montent à la Table des Trois Rois, c’est en effet la rando à ne pas rater!

Table des Trois RoisBelle montée en lacet dans une prairie herbeuse avant de rejoindre un système de rampes calcaires qu’il faut gravir. Tandis que Patrick caracole en tête, Philippe et moi tirons un peu la langue. Nous le rejoignons sous le col. Nous mangeons un morceau pour nous refaire une santé. Table des Trois RoisRequinqués, nous montons les derniers mètres dans la caillasse, poursuivons à flanc avant de rejoindre par des sentes cairnées la Table des Trois Rois, en laissant le Pic des Trois Rois à notre gauche. Tous les Espagnols sont agglutinés sur le Pic des Trois Rois, alors que nous partageons avec un couple l’immense Table des Trois Rois. C’est incompréhensible.

Table des Trois RoisC’est un magnifique belvédère sur les aiguilles d’Ansabère, l’Anie, l’Ossau… mais une mer de nuages est présente, obligeant à prendre les photos à la Lucky Luke, lorsque le voile se déchire. Nous descendons ensuite sur une sente dans la caillasse et là, cela se complique. Pour les sources de Marmitou, le topo indique de descendre avec précaution un éperon calcaire assez raide, mais il y a des cairns partout et nous choisissons la mauvaise cheminée. descente Table des Trois RoisNous descendons cette cheminée, puis un premier pierrier avant de rejoindre un sentier en traversée, pour terminer par un pierrier de caillasse fine. Nous descendons bien, mais pas sur le bon versant du Pic Billare. Nous réalisons notre erreur, mais une fois partis, difficile de se convaincre de faire demi-tour. Pour couronner le tout, le brouillard s’invite et on ne voit plus rien…

Heureusement par une trouée nous apercevons une cabane juste en dessous de nous. C’est la cabane de Lhurs habitée par un berger et sa famille. C’est un jeune très sympa qui nous explique les différentes possibilités que nous avons: remonter environ 500m de dénivelé en pleine pente jusqu’aux sources de Marmitou, remonter d’où l’on vient et trouver la bonne descente, bivouaquer ici ou enfin descendre par un bon sentier jusqu’à un parking et remonter au Pla de Sanchèse où l‘on retrouve la HRP. Vu le brouillard, c’est cette dernière option que nous choisissons, car nous ne risquons pas de nous tromper. il n’est que 15h15 et il faut compter environ 2h.

Bien fatigués, nous arrivons au Pla de Sanchèse, au pied du majestueux Pic Billare, où coule paisiblement un ruisseau et où paissent vaches, brebis et chevaux. C’est accessible en voiture, il y a de nombreux emplacements de pique-nique. Nous trouvons un bel emplacement non loin d’une cascade. Une bonne plâtrée de pâtes accompagnée de sauce bolognaise, un gros morceau de tomme de brebis sont nécessaires pour reprendre des forces. En effet demain, nous aurons besoin d’être forts pour rejoindre les Sources de Marmitou où nous aurions dû bivouaquer, soit 2 heures, auxquelles s’ajouteront les 8h prévues pour aller jusqu’à l’abri d’Ardané.

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