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Namibie (1): parc Naukluft, désert du Namib

de Patrick

Plaine, désert, dunes ocres… une beauté saisissante

 

Après un voyage un peu long, de Paris à Francfort le dimanche 30 juillet, puis vol de nuit de Francfort à Cape Town en Afrique du Sud, nous atterrissons à Windhoek, capitale de la Namibie, vers 16h heure locale (1h de décalage horaire avec la France). Patrick, notre guide et Paulus notre guide local et cuisinier nous attendent à l’aéroport éloigné d’une quarantaine de kilomètres de Windhoek.

carte NamibieWindhoek compte environ 300 000 habitants sur les 2,5 millions de Namibiens. La Namibie a une superficie égale à une fois et demi celle de la France, mais c’est le deuxième pays le moins densément peuplé au monde! Il faut dire que 10% de sa superficie est occupé par le désert du Namib, qui s’étend le long de la côte sur plus de 1500 km.

La Namibie est le dernier pays d’Afrique à avoir accédé à l’indépendance en 1990, après avoir subi la colonisation allemande de 1883 à 1916, et le protectorat sud-africain jusqu’au 21 mars 1990. En 1904, les troupes du général allemand Lothar von Trotha répriment sauvagement une rébellion du peuple Héréro. S’en suit la création de camps de concentration visant à contrôler les autochtones Héréros et Namas. Les famines, les conditions sanitaires et surtout un ordre d’extermination des Héréros prononcé par l’administration coloniale allemande provoqueront la mort de plus de 60 000 individus. Seuls 15 000 héréros survivront à ce massacre qui constitue le premier génocide du XXe siècle.  Génocide des Héréros - Blue BookÀ ce sujet, nous vous conseillons un très bon livre, le « Blue book » de Élise Fontenaille-N’Diaye, qui raconte ce génocide méconnu des Héréros et Namas dans le Sud-Ouest africain allemand.

Nous traversons Windhoek, ville perchée à 1650m d’altitude qui jouit d’un climat très agréable. Au niveau architectural, elle ne présente pas grand intérêt. Ce qui nous frappe, ce sont les maisons des quartiers résidentiels qui sont entourées de hauts murs, surélevées de barbelés. Il paraît que c’est courant dans tous les pays africains, même s’il n’y a ici que de la petite délinquance. Nous prenons nos quartiers à l’hôtel pension Moni où nous retrouvons Didier des Yvelines et Guy originaire de Lyon, arrivés tous deux en fin de matinée. Gilles et Odile, également de Lyon, nous rejoindrons vers 20h, sans leurs bagages, restés à Johannesburg…

Patrick a réservé le repas du soir dans un restaurant typique, le Joe’s Beerhouse. On y mange de savoureuses viandes locales, tels que koudou, oryx, springbok… dans un décor à mi-chemin entre saloon américain et brasserie allemande. Nous nous sommes régalés!!!

 

Arrivée dans le parc de Namib-Naukluft

J1: Windhoek, camp de Naukluft berge

Après une bonne nuit réparatrice et un copieux p’tit déj, nous chargeons nos sacs sur le toit du 4×4. Une remorque contient tout le matériel de camping ainsi que la nourriture et nous prenons place tous les 7 à l’arrière de ce grand 4×4 Toyota. Notre voyage commence direction sud-ouest pour rejoindre le parc du Naukluft. La route B1 est goudronnée jusqu’à Rehoboth, puis nous empruntons la piste C24 jusqu’à Büllsport, rentrons dans le parc de Naukluft, jusqu’à notre premier campement.

La Namibie compte environ 20% de routes asphaltées en très bon état, le plus souvent rectilignes et 80% de pistes pour la plupart bien entretenues.

Parc Namib-NaukluftNous avons mis 3h30 pour arriver au camp de Naukluft berge, et peu avant, sur le bord de piste, nous voyons une belle antilope. C’est un koudou. Le mâle est très reconnaissable avec ses grandes cornes torsadées en spirale, qui peuvent atteindre 1m20. Un peu plus loin, c’est une femelle et ses petits. Le camp, situé à 1700m d’altitude, est bien aménagé. Il se situe le long de la rivière Naukluft et il y a beaucoup de monde, car cette région offre de nombreuses possibilités de randonnée à la journée ou sur plusieurs jours. Patrick craint que nous ayons froid le long de la rivière Naukluft, mais il n’en sera rien; cet hiver, comme le précédent, semble particulièrement clément et chaud.

Il est temps de présenter Patrick, guide en Namibie la moitié de l’année depuis environ 10 ans et pisteur-secouriste l’hiver à Serre Chevalier, dans les Hautes-Alpes. Quelle coïncidence !!!  C’est une région que nous connaissons bien, puisque nous avons un pied à terre à Vallouise, village du parc national des Écrins…

Aloe dichotomaUne fois le camp installé, nous examinons les environs et repérons un bel arbre blanc que nous allons observer de près. C’est un Aloe dichotoma qui est une plante endémique à la Namibie. Il est aussi appelé Kokerboom ou arbre à carquois, du fait que les Bochimans utilisaient les branches évidées pour ranger leurs flèches. Il est reconnaissable à son tronc raide et blanc, pouvant atteindre 7m de haut, coiffé d’une boule de feuilles étroites et épaisses.

Vers 15h, nous partons pour une rando d’environ 2h sur le sentier de waterkloof trail, boucle de 17km dans sa totalité. Nous longeons les méandres de la rivière Naukluft, petit cours d’eau à cette saison, mais qui peut rendre la piste impraticable à la saison des pluies, c’est-à-dire de décembre à avril. Un bel arbre abrite de très nombreux babouins qui se carapatent à notre arrivée. Un peu plus loin, ce sont des damans des rochers, sorte de marmottes qui nous accueillent avec un cri très particulier ressemblant à celui d’un grillon.

parc Naukluft - ficusLe long de la rivière Naukluft, il y a de très nombreuses espèces d’arbres, tels des ficus ou des figuiers géants. Un peu plus loin, nous surplombons une jolie piscine naturelle. Il est temps de faire demi-tour pour rejoindre le camp et sur le retour nous faisons un petit détour photographique pour un ficus qui vit en symbiose avec la falaise, son tronc lézardant dans les anfractuosités rocheuses. La nuit commence à tomber, il est presque 18h. Vers 18h30, le repas préparé par Paulus est prêt. Nous nous régalons d’un bon poulet en sauce et d’une banane au chocolat.

 

Premier contact avec le désert…

J2: Parc de Naukluft: Olive trail, camp de Sesriem, dune Elim

Le lever est prévu à 5h30… eh oui, pas vraiment des vacances !!! Nous partons vers 7h pour 15min de piste, jusqu’au départ du sentier Olive trail, long de 11kms pour 320m de dénivelé. Paulus nous dépose et c’est parti pour environ 4h de marche. Le sentier est très bien balisé. Nous nous élevons pour atteindre un col. Les lumières du matin sont superbes, les ombres s’étirent et la température est idéale. Les sommets s’étalent sur différents plans jusqu’au lointain, avec quelques beaux petits arbres penchés en premier plan, tout est réuni pour une bonne photographie. Sous le col, Patrick nous montre des plantes que nous croyons mortes, tiges sans feuilles recroquevillées sur elles-mêmes, appelées «plantes de la résurrection»;  elles attendent simplement le printemps et son humidité pour «ressusciter».

Au col une pause est bienvenue, car il fait déjà chaud. Nous arrivons sur un vaste plateau semi-désertique, où nous nous faufilons entre les hautes herbes jaunes. Quelques arbres rachitiques de-ci de-là, peut-être verrons-nous quelques animaux, tels que zèbres de Hartmann, babouins, petites antilopes ou grand koudou… mais ce n’est pas sur commande, ce sont des animaux sauvages!

olive trail - NaukluftAprès ce vaste plateau, nous entamons notre descente vers un beau canyon où nous zigzaguons entre de gros rochers pour arriver à une vasque remplie d’eau. La séquence aventure commence: une chaîne permet de longer la roche au-dessus de l’eau, rien de bien méchant, mais pas quand on a le vertige… Guy serre les dents et s’accroche comme une âme en peine à la chaîne. À force de conseils et en prenant sur lui, il avance lentement… Il est passé et les fruits secs sont les bienvenus pour récupérer du stress. Nous poursuivons notre descente. Toujours pas de zèbre, juste des traces, des excréments et une carcasse. Vers 12h, nous rejoignons le parking de départ où nous attend Paulus. La table est mise et une salade composée bien fraîche nous attend, merci Paulus!

Après le repas, nous reprenons le 4×4 pour environ 3h de piste. Nous quittons les montagnes pour nous rendre au pied des dunes du parc National du Namib qui fait également partie du Parc du Naukluft. Ce sont de très beaux paysages. Le sable monte à l’assaut de grandes montagnes aux couleurs chatoyantes… cela promet pour les jours à venir.

Le désert du Namib est une région fréquentée par les touristes (tout du moins les campings), car c’est un incontournable de la Namibie. Nous nous installons au grand camp de Sesriem. Nous sommes à 900m d’altitude, au bout du camp sous un bel arbre, avec un point d’eau et un branchement électrique, un peu à l’écart du monde. nid de républicain socialL’emplacement d’à côté possède un bel acacia dans lequel des républicains sociaux ont élu domicile. Ce sont de petits oiseaux vivants en communauté qui construisent des nids démesurés. Jusqu’à 5m de haut, 8m de long, ces nids peuvent peser plusieurs tonnes alors qu’ils sont construits par un passereau de 30g!  Vraiment impressionnant.

dune ElimVers 16h, Patrick nous conduit à la dune Elim, non loin du camp pour assister au coucher de soleil et s’imprégner de l’ambiance du désert. Le sable est orangé, une pure merveille et les dunes rougeoient à mesure que le soleil décline. Chacun choisit sa dune pour contempler le paysage qui s’offre à nous: de hautes herbes jaunes jaillissent du sable orangé, sur lequel le vent a sculpté des stries. Au loin des acacias dans la plaine mordorée que parcourent quelques oryx nonchalants, un ciel bleu pur… eh oui, fermez les yeux, vous êtes dans le Namib, le plus vieux désert du monde! L’oryx est une magnifique antilope grise avec une bande noire en bas du ventre et une face noire et blanche, mais surtout deux belles cornes droites pouvant atteindre 1m20.

Il est 20h, la lune est levée gênant un peu l’observation, mais nous passons un bon moment à contempler le ciel et les constellations de l’hémisphère sud, tels la Croix de Sud, le Scorpion, le Capricorne, Le Cygne…, aidé par Philippe et son application Sky Map ! Les yeux remplis d’étoiles, nous rentrons sous les tentes. Bonne nuit !

 

A l’assaut des plus hautes dunes du monde!!!

J3: Naukluft: Sossusvlei, Big Daddy, Dead Vlei, canyon de Sesriem, Namib desert camp

SossusvleiDépart à 6h en direction des grandes dunes de Deadvlei et Sossusvlei. 4 ou 5 véhicules sont déjà devant nous à attendre que la grille du parc s’ouvre. Nous n’allons pas être seuls aujourd’hui. Nous voilà partis pour 70km de bonne piste et 4km de piste sableuse accessible uniquement en 4×4. Pour seul paysage nous avons des dunes à droite et à gauche. C’est juste magique au moment du lever du soleil lorsque les dunes de Sossusvlei, dont la couleur du sable varie du blanc au rosé, de l’oranger au rouge, s’éclairent en même temps que le soleil fait son apparition.

Deux montgolfières survolent Sossusvlei, cela doit être grandiose vu du ciel. Sur le bord de piste, nous apercevons un attroupement d’aigles fauves, puis des oryx effrayés, qui courent en se retournant, un guépard serait-il dans les parages? Également quelques springboks, des autruches puis de nouveau des oryx. Magnifique, cette faune sauvage! Au 45e km, la bien nommée « Dune 45 » dont on parle dans tous les guides.  De nombreux 4×4 sont garés et déjà les touristes escaladent à la queue leu leu l’arête de la dune 45 !!! Désert du Namib

Vers 7h30, nous arrivons au pied de Dead Vlei et des plus hautes dunes du monde dont la fameuse « Big Daddy » qui frise les 400m. L’oxyde de fer présent dans le sable leur donne une couleur rouge. Nous partons à l’assaut de la Big Daddy. Chacun monte à son rythme et admire le paysage. L’arête se fait de plus en plus fine et pentue. Nous surplombons Dead Vlei, sorte de lac asséché d’un blanc immaculé. Les photos s’enchaînent, il y a toujours une ondulation plus belle que l’autre, une couleur différente. Nous voilà sur l’arête finale. Les mots ne sont pas assez forts pour décrire un tel paysage: des dunes jaune-orange à perte de vue et Dead Vlei d’un blanc étincelant à nos pieds.

dune Big DaddyPatrick, Philippe et moi allons faire nos traces sur une arête vierge et nous découvrons au sommet une succession de nouvelles dunes. Le paysage est irréel… Enfin il va falloir se résigner à redescendre. Nous partons droit dans la pente pour rejoindre Dead Vlei. Nous allons tenter de faire chanter la dune et pour ce faire, nous nous alignons et descendons tous au même rythme, assez lentement, en enfonçant et traînant des pieds. Au bout d’un moment se crée une vibration que nous devons entretenir en maintenant le même rythme. C’est cela qui est difficile. C’est impressionnant d’entendre la dune vibrer sous nos pieds, puis émettre une sonorité. Il faudrait perfectionner la technique, mais je n’ai pas trouvé beaucoup de volontaires pour remonter la dune!

Dead VleiNous arrivons sur le sol de Dead Vlei, qui signifie marais mort. C’est une étonnante cuvette blanche constituée d’argile. Suite à des inondations, le cours de la rivière s’est modifié, formant le marais de Dead Vlei et des acacias ont poussé. Plus tard le terrain s’est modifié et le sable a obstrué l’arrivée d’eau provoquant l’assèchement de Dead Vlei.  Les acacias moururent et l’action du soleil noircit les troncs. Le bois est désormais si sec qu’il ne peut se décomposer. Ces acacias morts sont datés de 900 ans!

Ces paysages sont uniques et tout en contraste: un sol blanc craquelé, des arbres noirs aux formes étranges, un arrière-plan de dunes orange, rouge et ce ciel d’un bleu intense. Il y a toujours un arbre plus esthétique que le précédent, un angle plus intéressant pour les photos.

Dead VleiOn revient sur nos pas pour passer  sur le côté de Dead Vlei. Là il y a moins de monde et le décor est un peu différent: une couleur s’est ajoutée, le vert de petites touffes d’herbe ou d’arbustes et des monticules de terre sablonneuse. C’est reparti pour une séance photo! Au retour, les dunes sont écrasées par le soleil, les couleurs sont beaucoup plus fades. Un gnou nous honore de sa présence.

De retour au camp, la salade préparée par Paulus nous attend. Il faut ensuite démonter les tentes et ranger le camp.  Nous partons pour le canyon de Sesriem situé à 4km. Il doit son nom aux premiers pionniers européens qui étaient obligés de nouer bout à bout six lanières de cuir (rieme en afrikaans) pour pouvoir puiser de l’eau au fond des gorges du Tsauchab. Ce fleuve, qui rejoignait autrefois l’Atlantique, a en effet creusé une profonde faille de 40m dans des strates sédimentaires de schiste et de sable vieilles de plusieurs millions d’années. Nous prenons le sentier qui mène au fond du canyon, planté d’immenses acacias. Nous sommes au frais pendant ces 3/4h de rando. Nous trouvons seulement quelques traces d’eau  vers le bout du canyon, mais nous voyons bien que l’eau a été présente, car les roches sont érodées.

Nous repartons pour une quarantaine de km de piste, plutôt de « tôle ondulée », un pur régal pour le dos!!! Ce soir, nous dormirons au Namib desert camp toujours dans le parc du Naukluft. Nous devons d’abord nous enregistrer à la réception du lodge. Ce dernier semble luxueux. Nous sommes accueillis avec une serviette éponge fraîche; ils pensent sans doute que l’on passe la nuit au lodge et on ne va pas les détromper! Nous profitons pour prendre une bonne bière fraîche au milieu de ces nombreux touristes qui se prélassent sur les chaises longues au bord de la piscine. On se demande bien ce qu’il peuvent voir de la Namibie. Nous quittons le lodge pour se retrouver seuls ou presque au camp. Namib desert campNous montons rapidement les tentes pour ne pas manquer le coucher de soleil. Nous choisissons un bel arbre photogénique où les républicains sociaux ont construit leur HLM. Il faut maintenant profiter de l’eau et de la douche ce soir, car ce sera toilette avec lingette pour les 3 jours à venir. Ce soir, les quelques nuages présents nous cachent un peu les étoiles.

Le voyage en un coup d'oeil

2 commentaires

Van Cutsem Domi 13 juin 2019 - 16 h 50 min

Très beau récit, belles photos. Ce voyage a surement été une très belle découverte

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Patrick 13 juin 2019 - 21 h 57 min

Merci Domi 🙂 Oui c’est vraiment un voyage que je recommande pour les amoureux des grands paysages africains. Entre le sud et le nord, la végétation, les animaux, les ethnies diffèrent. Une source d’émerveillement qui défie le temps…

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