Le Palars Sobira, de Mounicou à Esterri d’Aneu
Le Palars Sobira est situé dans la région des Encantats. C’est la quatrième région de Catalogne par la superficie et elle possède une des densités les plus basses du pays, avec seulement 4 habitants au kilomètre carré. On trouve dans la région le plus grand lac des Pyrénées, celui de Certascan, et le sommet le plus haut de Catalogne, la Pica d’Estats (3 143 m).
Étape 15: de Mounicou à l’Etang de Montcalm (+1450m, -100m, 6km)
Refuge du Pinet, bivouac à l’Etang de Montcalm
Jean se repose une journée à Auzat et nous risquons donc de ne plus nous revoir sur la HRP. Nous échangeons nos coordonnées, pour nous tenir au courant de nos progressions respectives. Christine, toujours dévouée, nous conduit au départ de l’étape après Mounicou, en shuntant toute la partie sur route sans aucun intérêt. Nous nous disons au revoir un peu tristes…
Nous sommes chargés comme des mules, car nous serons en autonomie pendant quatre jours. Heureusement, le parcours est facile et trois heures plus tard nous arrivons au refuge du Pinet. Nous y mangeons une omelette pour économiser nos vivres, et continuons jusqu’à l’étang de Montcalm. Le temps couvert jusqu’à présent devient de plus en plus gris. A l’étang de Montcalm, il n’y a que de la caillasse et nous utilisons l’emplacement de bivouac qui a été aménagé dans les cailloux. Il n’est pas grand et nos tentes vont tenir à grand-peine. Patatras! Il se met franchement à pleuvoir lorsque nous montons le bivouac. Évidemment les tentes intérieures sont trempées et nous écopons et essuyons comme nous pouvons avec notre serviette.
Une demi-heure plus tard, le temps change du tout au tout, et le soleil revenu nous permet de tout sécher et d’admirer le site qui est magnifique. Des bouquetins approchent d’abord prudemment, puis restent à distance autour de l’étang, enfin le soir au coucher, ils viennent brouter et faire du barouf autour des tentes. C’est l’occasion de photos sympas: les bouquetins dans leur milieu naturel, l’étang de Montcalm au coucher de soleil, l’éclairage du soleil filtrant à travers les brumes montantes, la montagne en feu. Exceptionnel!!!
Étape 16: de l’Etang de Montcalm à l’Estany de Barbote (+950m, -1000m, 9km)
Col de Riufred, Pic Verdaguer, Pica d’Estats, Port de Sotllo, Col de Baborte, bivouac à l’ Estany de Barbote
De bon matin, les bouquetins viennent nous rendre une visite d’adieu. Nous partons gravir le Montcalm et la Pica d’Estats. Nous suivons les traces du GR en quittant notre campement, ne nous préoccupant pas trop de ce qui est décrit dans le topo: nous devions déposer les sacs à un collet avant le col de Riufred et enchaîner Montcalm et Pica d’Estats, avant de redescendre récupérer nos sacs. De fait, fascinés par la beauté du site, nous gardons nos sacs et gravissons le col de Riufred et suivons la belle arête menant à la Pica d’Estats. Nous réalisons que nous avons shunté le Montcalm, mais nous n’avons ni le temps ni le courage de faire demi-tour.
Nous posons les sacs au pied de la Pica d’Estats et pendant que je gravis le Pic Verdaguer, Philippe attaque l’Estats. Du sommet du Pic de Verdaguer, j’ai un belle vue sur la Pica d’Estats ainsi que sur l’Estany d’Estats et l’Estany de Sotllo que nous verrons dans la suite de l’étape. Je rejoins Philippe au sommet de l’Estats. Nous sommes seuls au sommet et cela permet de belles photos, c’est l’avantage de partir de l’Etang de Montcalm, plutôt que du refuge Pinet. Peu de temps après, de jeunes Catalans investissent le sommet et cela ne va pas désemplir de la journée!
Nous descendons sur un névé vers le port de Sotllo, gravissons de la caillasse, puis un névé persistant assez pentu, mais qui ne pose pas de problème cette année. Nous y croisons une famille de Toulousain que nous allons retrouver plus tard dans le parc de Aigüestortes. Le rocher brun-rouge, la neige, la mer de nuages créent des paysages de montagne hors du commun. À partir du port de Sotlo, une longue descente dans la caillasse nous emmène à l’Estany d’Estats. Par contre, le col de Barbote, pourtant pas trop pentu aura raison de mes forces. Nous montons le bivouac au premier Estany de Barbote, beau lac tranquille, avec des sources au-dessus.
Étape 17: de l’Estany de Barbote à Certascan (+1100m, -1200m, 16km)
Refugi de Certascan, bivouac au-dessus du refuge
Nous devons rejoindre le Refugi de Certascan ce qui ne nous semble pas un gros challenge, puisque le topo donne 6h. Nous prévoyons d’y déjeuner et bivouaquer plus loin pour nous avancer. La descente se passe dans un parcours champêtre sur sentier balisé. Cela nous change du pierrier. Par contre la montée au refuge sympa au début se déroule ensuite sous un soleil de plomb et n’en finit pas de niaiser avec les cols. Philippe y laissera un grande partie de ses forces.
Au bout d’un moment je pars en solo, car je n’ai plus beaucoup d’eau et il me tarde d’arriver. Le chemin est complexe, mais il suffit d’être vigilant et de suivre le balisage à la lettre. J’arrive au refuge de Certascan et comme il est dans les 14h, je prends une bière et commande deux repas. Philippe va arriver dans 15/20 minutes et il n’aura plus qu’à se mettre les pieds sous la table. Le temps passe et passe encore et pas de Philippe. 30 minutes… je me pose des questions. Comme j’ai commandé, je décide de manger seul. Le repas terminé, je m’excuse auprès du gardien, lui dit qu’il y a peut-être un problème et que je reviendrai si j’ai besoin des secours en montagne.
Je pars à la recherche de Philippe et je le découvre sur le chemin du refuge. Il s’est trompé d’itinéraire, est parti sur le col en face vers l’Estany de Romedo de Dalt. En fait il a rejoint l’itinéraire normal de la HRP qui va à Mounicou. Il a croisé de nouveau la famille de Toulousain qui l’a remis sur le bon chemin. Il est donc plus que fatigué et mange son repas sans se faire prier. Nous décidons d’un commun accord de faire le bivouac à 30 mn, sur le petit estany avant le Coll de Certascan. En effet, impossible de bivouaquer sur l’Estany de Certascan, en contre-bas. En fait, notre estany est une marouille, avec un troupeau de vaches qui tournent autour des tentes, mais cela fera l’affaire!
Étape 18: de Certascan à Estany Major de la Gallina (+1300m, -1100m, 15km)
Coll de Certascan, Estany Blau de Guerosso, Pleta Vella, Noarre, Estany de Llavera, Refugi Enric Pujol, bivouac à l’Estany Major de la Gallina
Beau parcours toujours sous le beau temps. Après le col de Certascan, nous arrivons à un lac peu connu, l’Estany Blau de Guerosso. Une roche rose, du gispet, des doronics jaunes, ajouter à cela quelques chevaux, le reflet du lac et la belle lumière matinale, vous êtes dans l’antichambre du paradis! Nous nous arrêtons quelques minutes, mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, nous repartons pour une belle descente technique et fatigante le long d’un torrent, qui est en fait le déversoir des Estanys de Guerosso.
La pente s’atténue et nous traversons des prairies jusqu’au beau village restauré de Noarre. Le sentier se poursuit, puis monte modérément jusqu’à une belle cabane, puis rejoint l’Estany de Llavera par un ressaut assez raide. Nous suivons le déversoir de l’Estany Inferior de la Gallina et arrivons au Refugi Enric Pujol, gros abri métallique arrimé au sommet d’un piton. Pour s’avancer sur l’étape de demain, nous décidons de bivouaquer à l’Estany Major de la Gallina à 1h40 de Enric Pujol.
Sur le topo il est indiqué de partir en terrain d’aventure plein sud sur de beaux rochers arrondis , Philippe préfère le chemin classique remontant les Estany un à un. Effectivement plein sud, la vue est plus ample et l’itinéraire est assez évident, il est même cairné par moment, mais le moment le plus sublime est l’arrivée sur l’Estany Major de la Gallina, car on domine les trois Estany minor et l’éclairage de fin d’après-midi est somptueux, mettant en valeur les formes tortueuses de ces lacs de montagne. La place de bivouac sur l’Estany Major de la Gallina est un rêve.
Étape 19: de l’Estany Major de la Gallina à Alos d’Isil, puis Esterri d’Aneu (+300m, -1500m, 8km)
Coll de Calberante, Coll Curios, Estanyets de la Tartera, Coll de la Cornella, Alos d’Isil, Esterri d’Aneu
Nous nous levons un peu plus tôt pour arriver à Alos d’Isil vers midi. Nos passons le Coll de Calberante, poursuivons vers le large Coll Curios et traversons entre les deux Estanyets de la Tartera. Et là, nous sommes un peu perplexes, nous cherchons le Coll de la Cornella que nous devons franchir. Dans la prairie il y a pléthore de panneaux, de directions, mais pas la nôtre. Le topo indique le col à ONO et cela semble désigner un goulet pas très engageant. Nous montons sur une cinquantaine de mètres et trouvons les premiers cairns. Oui c’est bien là le passage. Au sommet, un foulard catalan coincé dans un cairn.
De l’autre côté c’est un pierrier merdique, mais il n’y a pas de problème d’itinéraire, car il y a des cairns. Passé le pierrier, nous faisons une pause casse-croûte et nous terminons tous les restes, c’est à dire pas grand-chose, mais cela donne du baume au cœur pour le reste de la descente. Nous arrivons sur la route à 3 km d’Alos d’Isil et tentons le stop sur une route désespérément déserte. Un randonneur au lourd sac sort aussi du chemin quelques minutes plus tard. « Bon dia, hola » et nous le laissons filer sur la route, car c’est un éventuel concurrent pour le stop.
Dix minutes passent et toujours aucune voiture. Nous décidons donc de descendre à pied et tout à coup un véhicule. Grands signes, il s’arrête et super il descend jusqu’à Esterri d’Aneu notre village pour le ravitaillement. C’est un catalan qui pratique le trail en montagne, et s’entraîne pour une compétition qui aura lieu dans 2 semaines. Il ramasse également le randonneur qui est passé devant nous.
A l’arrivée à Esterri d’Aneu, c’est un peu le branle-bas de combat. On est dimanche et l’épicerie ferme à 14h. On a du mal à trouver nos produits habituels. Les pâtes ressemblent à de la nouille à chien, pas de muesli, ni de Wasa, mais bon on fait avec… On trouve également un petit hôtel familial, où nous sommes très bien accueillis. Une bonne douche et, avantage de l’Espagne, nous pouvons déjeuner alors qu’il est 15h30. L’après-midi, petite lessive et repos en attendant que la chaleur retombe, pour que l’on puisse se promener en ville. Il est maintenant 21 heures, et nous sommes les premiers à dîner! De nouveau recharge calorique! La nuit sera très chaude, conjonction de la canicule qui débute et de la bouteille de rosé pour fêter notre avancement sur la HRP!