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Madagascar (4): trek dans l’Andringitra

de Patrick

Andringitra, « Terre des esprits »

 

Village du bout du monde…

Ambalavao, vallée de Namoly, Anfanotsy, début du trek dans le parc de l’Andringitra

AmbalavaoCe matin, c’est un peu nuageux. Nous passons par la poste d’Ambalavao afin d’acheter des timbres. Ils n’avaient jamais dû vendre autant de timbres de leur vie, car l’opération a duré plus d’une demi-heure. Le préposé va chercher les timbres dans un bureau, les compte, puis les recompte, Ambalavao marchéet enfin multiplie le prix d’un timbre par le nombre de timbres achetés par chacun et enfin rend la monnaie!!! C’est mora mora, mais avec le sourire!!!

Madagascar zébuNous quittons Ambalavao  pour environ 3h de piste en 4×4 (une quarantaine de km) par la vallée de Namoly pour rejoindre l’entrée du Parc national de l’Andringitra (prononcez «Andgincht»). Cela signifie «domaine des esprits» et il effraie les ethnies de la région, les Betsileo et les Bara, qui pensent que les esprits des morts y règnent. Nous croisons de nombreux villageois qui se rendent à pied à la ville. Les zébus attelés travaillent dans les rizières. Nous arrivons vers midi à la maison d’accueil du parc pour régler les formalités administratives, Andringitra villagecar nous devons être enregistrés. Nous faisons la connaissance de nos deux guides locaux, Gaston et Fidy, ainsi que de nos porteurs. Il nous faudra 3h pour aller jusqu’au campement en bordure de la forêt d’Imaintso.

Nous passons à travers différents villages, dont celui d’Anfanotsy où nous assistons au pilage du riz et du maïs par des enfants, dont l’une, très jeune, y met toute son énergie. Nous sommes même invités à essayer… Je ne suis pas du tout efficace. En effet, le mouvement fait participer tout le corps et pas seulement les bras, il faut du métier! Nous passons à côté de greniers à céréales ainsi que de gros ballots de paille sur pilotis. Le temps se couvre de plus en plus, nous avons même droit à la formation d’un bel arc en ciel. Nous faisons une boucle dans la forêt primaire du Korridor (bande de forêt de 180km de long sur une trentaine de large) qui s’étend depuis la réserve de Ranomafana jusqu’au Parc de l’Andringitra.

C’est la première forêt que nous traversons. Les chemins sont bien aménagés et entretenus par les guides, les porteurs et les agents du parc. Le repas du soir est toujours très bon: soupe de manioc, spaghetti au zébu et salade de fruits. Au coucher le ciel est étoilé, mais il fait plus frais.

 

Parc de l’Andringitra, c’est beau même sous la pluie!!!

Forêt primaire, Andringitra camp

Andringitra forêt primaireBeau temps au réveil excepté une légère brume dans la vallée, mais rapidement le ciel se charge. Nous partons en trek vers 8h15 dans la forêt primaire. La végétation est luxuriante, lianes, fougères arborescentes, orchidées et de nombreuses plantes endémiques dont plusieurs médicinales. Nous entre-apercevons quelques Andringitra forêt primaireoiseaux, mais malheureusement pas de lémurien, pas plus que de soleil, et voilà qu’une espèce de bruine se met à tomber! Nous montons pendant 2h pour rejoindre la ligne de crête d’où nous aurions une belle vue, par beau temps bien sûr! ce qui est loin d’être le cas! Nous ne nous attardons pas et maintenant le soleil nous nargue. Il fait de très brèves apparitions qui nous laissent à peine le temps de pique-niquer sans pluie.

Nous poursuivons le trek jusqu’au camp sous la pluie qui ne nous abandonnera pas de l’après-midi. Les guides nous font un feu sous un abri sommairement aménagé. Cela nous permet de nous réchauffer avant d’aller sous les tentes jusqu’à l’heure du repas.

Andringitra campCe soir, nous mangeons avec les porteurs sous l’abri pour nous tenir chaud, tandis que la pluie continue de tomber. Les porteurs se chauffent pour la soirée musicale.

Quelques gorgées de Toaka gasy et c’est parti. L’un des porteurs possède une mandoline fabriquée maison avec du bois de palissandre, et en guise de cordes des câbles de frein de vélo fixés avec des punaises. Contre toute attente, un beau son sort de cet instrument pour le moins artisanal. Il est accompagné par les autres porteurs qui chantent et Fidi qui fait le DJ local. C’est sympa, mais nous ne tardons pas trop, car demain l’objectif est le pic Boby à 2658m, 2e point culminant de Madagascar.

 

La terre des esprits

trek au Pic Boby, plateau de Diavolana

Andringitra pic BobyIl a très peu plu pendant la nuit, mais au réveil nous sommes toujours dans le brouillard. Nous démarrons le trek vers 7h15 sous un timide rayon de soleil que nous faisons fuir très vite. Assez rapidement nous attaquons une très longue série de marches taillées dans la pierre. Il y a un peu plus de 600m à monter avec 2 ou 3 traversées en replat. La bruine ne nous quitte guère, mais juste sous le sommet du pic Boby, le vent se monte et chasse très temporairement le nuage en laissant filtrer quelques rayons de soleil. Cela nous laisse à peine le temps de prendre la photo du cairn marquant le sommet que déjà c’est rideau.

Le vent et la pluie sont glacials. Nous redescendons rapidement, toujours accompagnés de cette humidité, et arrivons au camp vers 11h30 pour pique-niquer. Une heure après nous sommes repartis, car nous avons encore pas mal de chemin à parcourir jusqu’au campement suivant. Le soleil timide disparaît de nouveau pour laisser place à ce fichu crachin.

Le trek se poursuit par un long plat monotone qui nous endort, mais une côte bien redressée se charge de nous réveiller. Fidi nous dit que nous allons maintenant marcher sur la lune. Je ne sais trop à quoi m’attendre… et nous découvrons un plateau rocheux, appelé Diavolana, ce qui signifie « clair de lune » et des amas de gros rochers formant une sorte de canyon. Le soleil se montre maintenant plus généreux.

AndringitraLes rochers arrondis et noirs, les arbrisseaux rabougris et les nappes de brouillard se dissipant composent un paysage étrange, une ambiance mystérieuse. Je ne trouve pas que l’on soit sur la lune, mais plutôt sur la terre des esprits, et je comprends maintenant pourquoi les locaux craignent un peu ce site… En attendant, l’appareil est sorti du sac et je photographie sans relâche. J’adore ce paysage tourmenté et cette atmosphère étrange que la brume souligne, cela a du caractère, cela fera de beaux noir et blanc…

AndringitraAu loin vers le sud, le ciel est parfaitement dégagé et l’on aperçoit les terres ocres du Tsaranoro. Après ce plateau lunaire, nous descendons sur le campement situé au pied d’une piscine naturelle. La végétation change, nous apercevons les premiers palmiers royaux, palmiers d’altitude endémiques à la région. Le trek se termine en dévalant 500m de marches, et c’est dur pour les genoux… Nous arrivons vers 17h, profitons de la piscine naturelle pour nous refaire une santé.

Le coucher de soleil dans les nuages rougeoyants est un modèle du genre. Décidément cette journée, vraiment mal partie, se termine merveilleusement bien. Le thé à la citronnelle est suivi de l’apéritif que nous prenons dehors autour du feu. Ce soir, nous éliminons les courbatures en dansant et chantant avec les porteurs.

Le voyage en un coup d'oeil

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