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Ethiopie (5): volcan Erta Ale, le chaudron du diable

de Patrick

36h sur le volcan Erta Ale !

 

Le feu dans la nuit

Première nuit dans la caldeira du volcan Erta Ale

Ethiopie AfarLever vers 5h30, car il faut tout ranger puisque nous quittons le village d’Ahmed Ila. Je profite d’un peu de temps pour écrire quelques cartes postales, assise sur une pierre, mais très vite j’ai mon fan-club d’enfants qui viennent voir ce que je fais et qui me réclament des stylos. Une photo de groupe, puis nous partons pour une journée de 4×4 où nous allons traverser le désert le plus chaud et le plus inhospitalier du monde, le désert de Danakil.

Nous longeons la chaîne volcanique de l’Erta Ale qui s’étend sur une superficie de 100km sur 45km avec 6 centres éruptifs, du Gada Ale au Nord (286m) à l’Ale Bagu au Sud (1031m). Erta Ale signifie «la montagne qui fume». Il culmine à 613m et est en activité éruptive permanente. désert danakilTrès rapidement, la piste caillouteuse se transforme en sable et la dextérité des chauffeurs est indispensable pour ne pas s’ensabler. De-ci de-là, nous entrevoyons quelques huttes de nomades afars.

tombe afarLe désert de Danakil est inhospitalier au possible: de nombreuses carcasses d’animaux desséchés jonchent le parcours. De jeunes bergers avec quelques chèvres, vaches, chameaux accourent à notre passage. Nous arrivons dans un village, où nous sommes accueillis sous une hutte pour prendre le repas. Il fait très, très chaud. Seuls les hommes sont dehors, les femmes s’occupent des tâches ménagères et des enfants. Dans cette région afar, les hommes sont polygames, l’excision est pratiquée sur 90% des femmes. L’espérance de vie est d’environ 40 ans, alors qu’elle est de 50 ans dans le reste du pays.

Après le repas, nous repartons pour 2h de piste, 1h dans le sable et l’autre sur la lave. Nous retrouvons notre guide Ibrahim dans un petit village au-dessus. En effet, un guide afar est indispensable pour rejoindre le volcan de l’Erta Ale. Ce dernier dirige les chauffeurs sur la piste de lave solidifiée. Cela secoue et vibre sacrément. Une petite prière au dieu Toyota pour que nos 4×4 tiennent le coup!

Ethiopie danakilEn cours de route, une chèvre est achetée et attachée sur le toit d’une des voitures. Elle se débat et avec les secousses, elle tombe, se brise une patte, pauvre bête… et de peur, elle se lâchera sur Laurent! Nous arrivons au pied du volcan Erta Ale. La piste s’arrête là au milieu de quelques huttes. Nous préparons les sacs à dos pour le trek, l’un que les chameaux monteront et l’autre que nous porterons. En effet, nous allons passer 2 nuits dans la caldeira du volcan et nous sommes tous impatients de partir, mais il faut attendre qu’il fasse moins chaud.

Nous mangeons et partons vers 19h, il fait encore 30°. Le trek comprend entre 3 et 4h de montée, d’abord un grand plat, puis une montée tranquille. Lors de l’approche, nous observons une lueur rougeoyante, qui nous met du baume au cœur, cela promet d’être beau. Fatigué, Jean Claude nous fait un frayeur, il trébuche et se fait mal à une côte. Le chemin débouche enfin sur le bord de la caldeira: il y a 20m abrupts à descendre. Gebriel nous dit d’être très prudents, car l’an dernier une personne s’est tuée à cet endroit. Cela n’est pas très rassurant de nuit avec les frontales, mais chacun y va à son rythme et assure. La lueur du volcan Erta Ale est maintenant bien visible, encore 5mn de marche sur les dalles de lave, et on y est.

Erta AleOn a beau être préparés, avoir regardés des photos, s’être documentés, les premiers instants devant cette bouche en feu sont d’une telle violence qu’ils resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Le rouge, la lave, la chaleur, l’odeur de soufre, c’est un autre monde.

danakil Erta AleLe spectacle est saisissant: nous sommes au bord du cratère sud du volcan Erta Ale, une bouche d’environ 300m sur 200m avec un lac de lave rougeoyant quelques 80m sous nos pieds. Sous l’effet de la pression et d’une chaleur d’environ 1200°, la plaque de magma solide se fissure et laisse passer la lave rouge orangée qui bouillonne et projette des gerbes d’une dizaine de mètres, c’est envoûtant. Une dentelle rouge se forme d’abord sur le pourtour, puis au milieu du volcan… maintenant la plaque se fissure de toute part, la chaleur devient insupportable et nous contraint à reculer.

Ethiopie Erta AleLa lave se répand dans le cratère, libérant la pression. Puis la température redescend, la lave se solidifie passant du rouge au brun et enfin au noir. Plus de son, plus d’image, c’est le calme avant la tempête, et le cycle reprend, cela bouillonne à plusieurs endroits, les gerbes se succèdent, la plaque se fissure de plus en plus jusqu’à ce que le lac soit presque entièrement rouge et bouillonnant…

Un groupe de Français et d’Allemands arrive vers 1h du matin, ils font quelques photos puis repartent aussi vite. Quant à nous, nous sommes scotchés devant ce spectacle incroyable. Vers 2h du mat, Gebriel vient nous dire que les chameaux sont arrivés avec notre matériel pour se coucher.

A regret, nous nous éloignons pour rejoindre les dalles plates et poser nos matelas et duvets. Nous nous allongeons, mais c’est plus fort que nous, Laurent et Ben et Patrick y retournent pour voir de nouveau le grand show et faire encore quelques photos. Quelques heures plus tard, nous nous écroulons, le corps rompu par ces émotions fortes.

 

Le chaudron du diable

Journée et deuxième nuit dans le volcan Erta Ale

caldeira Erta AleLever vers 5h30. Nous remontons les 20m qui nous séparent de la hutte où est installée la «cuisine». Salomon nous a confectionné de bonnes galettes que nous dégustons avant de redescendre pour l’observation du volcan Erta Ale. Nous serons seuls toute la journée, c’est génial. De jour, le lac de lave est gris bleuté avant de devenir argenté en milieu de journée, le tout orné de dentelles et de vagues rouges qui ondulent et s’élancent vers le ciel.

Erta AleNous nous dirigeons ensuite vers le cratère nord de l’Erta Ale, qui est en activité depuis quelques mois. En chemin nous pouvons observer les belles arabesques que forme la lave cordée ainsi qu’un tunnel de lave.

Erta Ale cratère nordDans le cratère nord, 2 ou 3 hornitos débordent d’une lave bouillonnante. C’est beaucoup moins grandiose que l’activité du cratère sud, mais quand même! Nous faisons le tour du cratère nord. D’un côté, une roche soufrée est présente tandis que sur l’autre versant la verdure prédomine.

volcan Erta AleTout le monde retourne au cratère sud de l’Erta Ale pour observer le lac de lave. L’activité est tranquille, seuls quelques foyers de lave bouillonnent. Vers 18h30 cela rougeoie davantage, mais c’est moins spectaculaire qu’hier soir. Nous devenons très exigeants. Par contre l’équilibre des lumières entre le rouge de la lave et le bleu du crépuscule autorise de belles photos. Le soir, excursion au cratère nord puis retour au cratère sud.

L’activité volcanique est beaucoup moins forte que la veille. Nous encourageons le volcan, prions le Dieu Erta Ale, balançons des pierres, rien n’y fait. La fatigue se faisant ressentir, chacun regagne son matelas pour dormir en espérant récupérer. Avant le lever du jour, j’ouvre un œil, le ciel est rougeoyant en direction du cratère, mais le courage me manque pour m’extraire du duvet.

Erta Ale cratère sudAprès le p’tit déj, nous retournons une dernière fois au cratère sud du volcan Erta Ale pour une ultime observation du lac de lave. C’est relativement calme à part 2 ou 3 foyers bouillonnants. Nous remontons vers la plateforme, les chameaux rechignent à se faire charger. Nous démarrons à 8h le trek de retour pour éviter les trop fortes chaleurs de la journée. Ibrahim, kalach et gourde à l’épaule, nous guide sur le chemin tracé dans la lave. Nous croisons un groupe de Japonais exténués que nous encourageons.

En route, Gebriel nous propose une séance de tir avec la kalach d’Ibrahim. Laurent, Olivier et Jean-Michel s’y essaient. Ils ratent tous la bouteille servant de cible. Gebriel tente sa chance sans succès. Enfin Ibrahim reprend son arme et transperce du premier coup la bouteille plastique d’une balle. Nous étions donc bien protégés, c’est rassurant! Nous terminons le trek vers 10h30 et reprenons les véhicules pour redescendre la piste empruntée 2 jours plus tôt. La 1ère chèvre a été mangée par les chauffeurs, une 2ème a été achetée et attend son heure. Nous mangerons chez Ibrahim. Il fait très chaud dans la hutte, car sa femme cuisine au feu de bois à l’intérieur. En descendant, nous remarquons un trou au bord de la piste et une épave de 4×4. Ce sont les traces de l’attentat perpétré trois ans plus tôt. Cet attentat à la fin de la saison touristique visait des militaires, selon Gebriel…

Le voyage en un coup d'oeil

2 commentaires

Gallo Sylvie 23 janvier 2019 - 21 h 10 min

vous y êtes allé en quelle année ? on y était en janvier 2015 et le lac de lave était beaucoup plus haut , c’est magique

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Patrick 29 janvier 2019 - 10 h 14 min

En 2009 et effectivement c’était avant le débordement du lac de lave de l’Erta Ale. L’avantage c’est que l’on surplombait le lac de 50 / 80 m et l’on pouvait faire de photos sans mettre en péril le matériel 🙂
Nous repartons en 2019 en Ethiopie et bien sûr nous retournerons dans le Danakil 🙂

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